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                          POÉSIE.                         2*7
                         VALETTA.
Puisque tu dois souffrir, souffre avec fermeté;
Pleure-le devant nous, ce fils tant regretté.
                         SOSPELLO.
Hélas! son nom déjà n'est plus que sur mes lèvres.
Depuis que le fléau des redoutables fièvres,
Sans pitié, du vieil arbre a moissonné la fleur;
Que le mal à mes pieds t'a jeté sans couleur,
Pauvre enfant! à l'aspect de.mon toit solitaire,
Tel qui voudrait parler fait serment de se taire.
Redites-moi toujours, vous qui l'avez connu,
Les heureux mouvements de son cœur ingénu.
Vous aimiez sa vigueur, sa grâce, son adresse.
Mais lorsqu'à son appel tressaillant d'allégresse,
Tous vos fils, sur la plage, à flots tumultueux,
Se laissaient emporter au torrent de ses jeux,
Pour ces fils moins bouillants vous sembliez tout craindre...
Ah! des pères heureux j'étais le plus à plaindre!
                           MARINI. .
L'innocence toujours trouve le ciel ouvert ;
La vertu doit lutter, après avoir souffert.
                          SOSPELLO.
O mon Dieu, j'ai péché : mais si votre colère
Gardait à mon orgueil un châtiment sévère,
Pourquoi, du même coup, avoir précipité
Celle qui vous servait avec humilité,
Celle dont la vertu pour l'enfant criait grâce ?
Pourquoi da,ns le scion frapper toute la race?
En nous le faisant voir par le mal consumé,
Vouliez-vous nous punir de l'avoir trop aimé ?
Je me tais : aussi bien, mes plaintes seraient vaines.
Un immortel espoir peut adoucir nos peines,
Je vivrai. Si ma voix ne redit plus ces airs
Dont j'égayais, amis, vos travaux sur les mers,
Je prouverai du moins, et vous laisserai dire,
Tout ce que vos bontés sur mon cœur ont d'empire '•
Il souffrira, ce cœur, mais avec fermeté,
Et ne succombera qu'après avoir lutté.
                                       Ludovic de VAUZELLES.