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                        LE PONT DU DIABLE.                      237

touffes d'arbustes poussent entre les assises rongées par
le temps.
   Le pont se nomme Pont-du-Diable. Il en existe un autre
non loin delà, sur le chemin qui va de Saint-Georges-en-
Couzon à Saint-Bormet.Tous deux ont leur légende, et celle
du pont de Sauvain a cela de bon qu'elle donne l'étymolo-
gie du mot Sauvain.

   Voici ce qu'en son livre un vieil auteur rapporte :
    Aux entours de Noël, en l'an         peu nous importe !
    À l'époque où l'on met les bacons au saloir,
    Le sire de Sauvain accompagnait un soir,
    Par un ciel sans étoile, et par un froid de diable,
   Le baron de Cousan. Tous deux sortaient de table,
   Y laissant maintsflaconsvides qui furent pleins.
   Ils devisaient gaîment de leurs prés, de leurs pins,
   Peut-être même aussi d'une amour passagère,
   Pour quelque damoiselle ou pour quelque bergère          .
   Ils arrivent ainsi jusqu'au fond du vallon
   Où parmi les rochers écume le Lignon.

  Le sire de Sauvain dit : « Or ça, je te quitte
  « Cher et féal Cousin. Va rejoindre ta suite.
  « Frotte ton cor de chasse et bats ton habit vert :
  « Demain nous traquerons, s'il plaît à saint Hubert,
  « Un marcassin retors qui cause grand dommage
  « A mes jeunes" taillis        Je n'en dis davantage
  « Car le froid pique fort et le ciel est bien noir   »
  Chacun regagne seul le toit de son manoir.

  Sur les bords du Lignon, cachés le long des saules,
  Près de là, deux manants, croquants et mauvais drôles
  Attendaient pour î'occir le sire de Sauvain.
  On ignore le but de leur méchant dessein.
  Peut-être vengeaient-ils quelque insulte cruelle ;
  Peut-être en voulaient-ils à sa riche escarcelle
  Je ne sais. Mais sitôt qu'ils eurent distingué
  Dans l'ombre, le seigneur marchant le long du gué,