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BIBLIOGRAPHIE. 231 eon, avant les évolutions de la danse, car, dans ce poème , l'é- pouvante du fond le dispute à la bizarrerie de la forme , mais remarquez surtout cette valse d'une blonde jeûne femme avec un grand squelette qui l'etreint avidemeat, c'est Yseult ! c'est Roger !... Et pourtant ce. fantôme, 6 pâle jeune fille, C'est l'amant que le sort entre tous l'a choisi ; Ce spectre haletant qui froisse ta mantille Et sur ton front rosé pose son front moisi, C'est le noir confident de toutes tes pensées. . . . Je ne puis, faute d'espace, trop prolonger les citations , niais vous voyez de quelle teinte originale et sombre se chargent les tableaux de ce poème. Même au milieu de ces horreurs, il y a des choses gracieuses qui attesteat la souplesse de pinceau de M. des Essarts ; ainsi : Elles vont ! elles vont, les blanches jeunes filles i Elles vont ! aux accents que l'orchestre module, Le bal, à pas pressés, glisse, tournoie, ondule, lit les robes d'azur effleurent les tapis ; Elles vont ! leur essor par degrés s'accélère ; Tels, au vent du fléau qui les chasse dans l'aire, Tourbillonnent les blonds épis. Elles vont ! elles vont ! et leurs funèbres couples Passent, passent sans lin, se mêlant tour à tour ; Elles vont! elles vont ! leurs corps sveltes et souples Voltigent, et leurs cœurs palpitent, pleins d'amour ; Enfin l'aurore chasse toutes ces visions et le voyageur n'entend plus rien, si ce n'est le vent qui apporte, dans un long murmure, ces noms entourés d'un mystère de tristesse : Yseult ! Yseult ! Roger ! Roger ! Ce poème de M. des Essarts révèle une puissante et vive ima- gination, servie par uii talent poétique qui fait honneur au Dau- phinc, plein de confiance et d'espoir eu l'avenir de ce jeune