Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
202             LE QUARTIER DES GKANDS-CÀPUCINS.

    En présence de toutes les absurdités dont on s'efforce d'infec-
 ter les cerveaux populaires, on aime à lire les lignes suivantes .-
 « Nous passons sous silence les folies de l'égalité artificielle, du
 « partage des fortunes, delà communauté des femmes et des
 « enfants. iVa-t-on pas voulu aussi l'égalité d'opinion et de sa-
 « voir, sous peine d'être déclaré ennemi de l'État? Cette folie
 « législatrice ne peut établir l'égalité des intelligences, du talent
 « et de l'expérience. Ordonner que chacun fasse abnégation de
 « lui-même et de tout ce qu'il sait, Srarisforrner sa manière d'ê-
 « tre, c'est vouloir l'impossible. Autant vaudrait demander que
 « toutes les bêtes chantassent comme le rossignol. »
    Quand on passe en revue les actes des esclaves du mandat
 impératif de la démagogie, on ne peut s'empêcher d'admirer les
 idées raisonnables de cette pièce académique, dans laquelle on
 trouve aussi des attaques contre le grand monde utilitaire et po-
 sitiviste qui constituait l'aristocratie du régime impérial. J'en-
 gage nos belles dames, souvent très-dévotes, à méditer les pa-
 roles suivantes : « 11 y a incompatibilité entre l'abondance et la
 • sévérité des mœurs, entre l'orgueil et l'abnégation, entre
  <
• « Bélial et le Christ. » L'orateur termine son discours par cette
 phrase, qui ne le mettra pas en bonne odeur auprès des athées
 contemporains : « Dans ses pressentiments l'esprit est traversé
 « par des rayons qui arrivent de l'empire de Dieu, de cet em-
 « pire où brille une lumière plus vive que celle de la raison (1). »
    Ces doctrines élevées sont tellement différentes de celles que
 l'on inculque à l'ignorante et passionnée multitude que je crois
 bien faire de les rappeler. Lorsqu'on voit de nos jours un pré-
 tendant à la députation affirmer qu'en politique il est socialiste,
 en religion athée et en philosophie matérialiste, et qu'ensuite il
 est nommé à une grande majorité, alors on redoute de tomber
 au fond du précipice de la plus hideuse bestialité. Il serait à dé-
 sirer que les partisans du suffrage universel absolu pussent lire
 et comprendre les hautes et saines idées, contenues dans le dis-

   (I) Ce discours in-8" no 30 pages a été publié par la Revue du lyonnais,
2' série, T. 20.