Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                 LE QUARTIER DES GRANDS-CAPUCINS.                      497

 cependant voici ce que Jacob Spon dit de sa propriété : « On va
 « voir par curiosité la maison de M. Mei, qui est italien d'ori-
 « gine. Elle est shuée dans une très-belle vue, à la montée des
 « Capucins, et il y a dedans on nombre infini de tableaux et de
 « paysages de bons maîtres. » Je crois qu'aujourd'hui bien
peu de gens vont la visiter, et qu'elle est même inconnue dans
le monde positiviste, qui professe le plus grand mépris pour les
 souvenirs archéologiques.
    Pilata, installé dans sa splendide demeure, était cependant
sur le bord d'un affreux précipice. Le sieur Riverieux (1), ban-
quier, lui avait prêté, le 2 décembre 1699, une somme de
4,000 livres que l'emprunteur refusa de rendre. 11 paraît que ce
dernier était très-mal dans ses affaires, car un grand nombre de
créanciers faisaient des réclamations, parmi lesquels se trou-
vaient les Ursulines du premier couvent, de la rue Vieille-
Monnaie (2).
    Riverieux présenta donc une requête, le 31 mars 1702, avec
déclaration qu'à défaut de satisfaire au paiement, il serait pro-
cédé à une saisie de tous les immeubles du débiteur. L'adjudica-
tion eut lieu le 30 janvier 1708, au profit de Riverieux, ban-
quier, pour la somme de 15,210 livres en louis d'or, et cette
vente se fit par l'entremise de Benoît Morin l'aîné, procureur
es cours de Lyon, curateur décerné à la retraite et faillite du
dit Pilata. Estienne Riverieux, négociant distingué, eut deux
fils : l'aîné, président et lieutenant criminel, a été prévôt des

    (1) Je lis ce nom écrit de diverses manières : Riverieux, de Riverieux,
Deriverieux.
   (2) Les Ursulines du troisième couvent, montée Saint-Barthélémy, ins-
tallées en 1651, avaient été, sous l'archevêque Claude de Saint-Georges
(1693-1714), réunies à celles du premier couvent, rue Vieille-Monnaie.
Ces religieuses, propriétaires du ténement abandonné par leurs compa-
gnes du troisième couvent, et par conséquent voisines de Pilata, lui
avaient probablement cédé quelques parties de terrain qu'il n'avait pas
entièrement payées. Cependant, dans une quittance du 5 mai 1700, elles
reconnaissent avoir reçu de Guillaume Pilata, marchand bourgeois, la
somme de 1,125 livres.