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LE PAS -DE LA MULE. 67 bonheur, lit lever, dit-on, le sacristain pour aller de suite remer- cier la bonne Vierge. Il accomplit son vœu, et fonda aussi une messe à perpétuité. Nos grand'pères se souviennent d'avoir vu célébrer jusqu'à la Révolution la messe de l'homme de la mule. l e rocher où la mule s'était arrêtée garda l'empreinte de son sabot, et ce lieu fut appelé le Pas de la Mule. Eh ! bien, Arthur, à quoi penses-tu ? — Je réfléchis que toutes ces légendes se ressemblent. On • m'en, a raconté une presque semblable. C'était près de Roanne. Un bouvier" passait sur la route avec ses deux bœufs. Devant lui venait un prêtre qui portait le viatique à quelque malade dans la campagne. L'attelage s'arrêta de lui-même lorsque le prêtre passa, mais le bouvier piqua rudement ses bœufs de l'aiguillon en poussant un affreux jurement. Alors les animaux s'agenouillè- rent et depuis, le rocher a conservé l'empreinte de leurs genoux. Ces légendes me serobleet en général faites à plaisir. ~ Quelquefois, répondis-je, mais dans ce cas, celui qui les a faites, et ceux qui les ont lues les savent seuls, n'est-il pas vrai? Or, prenons le premier paysan que nous rencontrerons, et nous l'interrogerons au sujet de celle-ci. Une vieille femme descendait alors d'Ecotay, nous ia prîmes pour juge. — Comment s'appelle cet endroit, ma bonne femme ? — Ah ! pâvre Monsu, c'est le Pas de la Mule. — Fort bien! Et pourquoi l'appelle-t-on ainsi ? Elle nous raconta l'histoire en.quatre mots, et ajouta en guise de péroraison : — « Pâvre Monsu, le partit, anque soun chivau aveu belo lepi, « è toujours plan d'aiguë. Et voué d'aiguë henaêla, pâvre Monsu ! « el ne manqua jamais de me signa quand venon vé la villa II » Arthur, qui n'est pas du pays, me fit observer que le patois de la vieille avait autant besoin d'une traduction que les vers d'Horace, et je la lui donnai : « Pauvre Monsieur, le trou où son cheval avait mis le pied « est toujours plein d'eau. Et c'est de l'eau bénite, pauvre