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                        POÉSIE.

Là, c'est le pont jeté de l'une à l'autre rive,
Les tours des vieux castels, les ailes des moulins.
Et sur ton cours paisible allant à la dérive
       Les radeaux de sapins.
Car du lourd marinier tu n'es pas la sujette,
Sa rame est trop profonde et le roc à fleur d'eau
Peut-être le druide en soulevant la tête
       Arrête son bateau.
Au contraire au pêcheur tu fus toujours clémente,
Sa barque est ton amie et son vœu c'est le tien.
De la roche en secret tu lui montres la fente
       Où la truite se tient.
Les plus charmants rameurs, pour toi, c'est la sarcelle,
Le cygne, le plongeon, les pluviers, les vanneaux,
Et sur ton sein ravi l'angélique nacelle
        Est l'aile des oiseaux.
La Bresse et le Bugey de ton eau tutélaire .
Reçoivent leur éclat et leur fécondité.
Aux moissons le soleil, aux prés verts la rivière,
      Double divinité.
Le sol que tu parcours, cette vaillante terre,
Nous donna des héros ; plus tard elle enfanta
Des fils savants voués à cet art salutaire,
        Qu'Esculape inventa.
Le bronze a de Bichat honoré la mémoire ;
Au pays, comme lui, de bonne heure ravi,
Joubert a sa colonne élevée à la gloire
      Du héros de Novi.
Encor des monuments ! Bonnet était des nôtres,
Ozanam, Richerand, Récamier, les Martin ;
Du culte médical les plus fervents apôtres
      Et la gloire de l'Ain.
Peut-être de Bagdad venue avec le More
La. fée apporta-t-elle un rayon du levant,
Celui qui sur tes bords réchauffe et fait éclore
        L'Artiste et le Savant.
Et ne dirait-on pas qu'une même étincelle
A jailli sur eux tous, depuis qu'en souriant
Ta marraine nous fit cadeau d'une parcelle
        Du soleil d'Orient       -
Au nom du laboureur, Rivière; sois bénie;
Pour arroser ses champs il a besoin de toi :
Mais au pays aussi, conserve son génie,
      La Science et la Foi!
                                         UN BUGISTE.