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Au temps jadis, Rivière, avais-tu pour déesse
Une naïade assise au milieu des roseaux
Et de ses blonds cheveux laissant la longue tresse
      Se baigner dans tes eaux?
Ou bien, retiré seul dans une grotte humide
Au versant d'un rocher dont on craint les abords
Sa faucille à la main, était-ce un vieux druide
       Qui régnait sur tes bords ?
Une femme au teint brun et d'un turban coiffée,
Avec les. Sarrazins sur leurs coursiers montés
Vint un jour d'Orient; on dit qu'elle est la fée
      De tes flots enchantés.
Ton nom qu'en Orient on donne à la fontaine,
A la source d'eau vive, à l'eau sainte, au Jourdain,
Tu le dois à la fée, elle fut ta marraine,
       O ma Rivière d'Ain !
Mais pour nous, tes enfants, ton vrai nom est Patrie,
Ton rivage est partout soumis aux mêmes lois;
Même sang, même cœur, chez nous rien ne varie,
      Nous sommes tous Gaulois.
Jusque dans le pays que le rocher couronne,
La conquête a passé mais la face resta,
Et, comme aux premiers jours, tu fais avec le Rhône
      Le celtique Delta.
Pourquoi tes riverains se firent-ils la guerre ?
Des frères ennemis qui déchiraient ton sein !
Maintenant sur le bac nous passons la rivière
       En nous donnant la main."
Si limpide est ton eau qu'on dirait la rosée,
Et qu'on voit le gravier sous tes flots de cristal.
Comme on lit du regard le fond de la pensée
       Dans un Å“il virginal.