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comme un simulacre de l'ancienne existence républicaine et
le signe d'une liberté qui n'était plus. Durant les siècles de
subordination paisible qui succédèrent aux tumultes du
moyen âge, l'oubli éleva comme une sorte de barrière entre
la bourgeoisie des temps modernes et l'ancienne bourgeoisie
si flère et si indépendante.
    « Toutes les villes de France sont tombées depuis, quatre
siècles dans la même nullité politique, mais on se flgu,re trop
aisément qu'il en a toujours été ainsi (1). »
   La commune de Villefranche partagea la destinée géné-
rale. Son indépendance alla s'affaiblissant graduellement jus-
qu'au jour où ce ne fut plus qu'un nom. Il n'y eut pas de
suppression violente, pas de résistance, pas de lutte, pas de
coup d'Etat. La royauté s'infiltra lentement, ordonnance par
ordonnance, règlement par règlement, dans les institutions;
petite petit, elle accapara tous les pouvoirs, elle substitua ses
officiers anx officiers municipaux et seigneuriaux ; et il arriva
un moment où tout se trouva concentré entre ses mains. Alors
la liberté fut garrottée, la royauté absolue fondée, la centra-
lisation complète.
   On dédaigna d'abolir un municipalité inoffensive; bien
mieux, on l'utilisa dans le système nouveau. Les échevins fu-
renUdes commis royaux à qui l'on confia la répartition des
tailles. On attacha à leur titre quelques droits honorifiques
dont leur vanité fut satisfaite. On eut ainsi, à peu de frais,
au sein de chaque commune, une légion de serviteurs dé-
voués.
    La transformation était complète au temps de Louis XIV.
On ne peut s'empêcher de sourire en lisant dans le manus-
crit de Louvet et dans les mémoires de Villefranche, livres
écrits en 1670, l'énumération des prérogatives des échevins,

  (1) Augustin THIERRY, Lettres sur l'histoire de France, p . 309.