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                     TRAVAUX DE L'ACADÉMIE.                     347

on transplante en quelque sorte un végétal sur un autre, dit que
la découverte en remonte à la plus haute antiquité, que la greffe
était déjà connue des Phéniciens, qui la transmirent aux Cartha-
ginois et aux Grecs. De ces peuples elle parvint aux Romains
pour arriver jusqu'à nous.
   La greffe, qui est un moyen de perpétuer les variétés qui ne se
propagent pas de semis, les accidents de végétation ou les mons-
truosités, ne peut s'effectuer qu'entre des plantes qui présentent
certaines affinités, entre les espèces et les variétés d'un même
genre ou d'une même famille; mais elle ne peut réussir entre des
plantes éloignées les unes des autres, ainsi que plusieurs anciens
le supposaient. M. Hénon cite , parmi les anciens, Columelle qui
pensait que les greffes peuvent être placées indistinctement sur
tous les végétaux et montrait un olivier greffé sur figuier. M.
Hénon explique l'opération d'après les écrits de Columelle et
montre que la prétendue greffe n'était autre qu'une marcotte en-
racinée. Il cite, parmi les écrits des temps modernes, l'ouvrage
de M. de Caylus sur les rapprochements et les faits sans aucune
preuve avancés par cet auteur.
  M. Ilcnon passe en revue les différentes greffes modernes qui
ont présenté quelques singularités, telles que celles du cactus
sur opuntia, du lilas sur le frêne, du bignonia radicans , sur le
catalpa, du châtaignier sur le chêne, du melon sur le concom-
bre, de la tomate sur la pomme de terre, du seigle sur le fro-^-
ment, etc.
   Toutes ces greffes, quelque étonnantes qu'elles aient pu paraî-
tre, ne présentent aucun,fait anormal; elles se font entre espèces
des mêmes familles naturelles. Elles sont plus faciles à expliquer
que des phénomènes, bien connus cependant, tels que la repro-
duction naturelle sans greffe du Cytisus laburnum et du C, pur-
purtus sur divers rameaux du C. Adami, qui est probablement
une hybride de ces deux plantes. Il cite aussi l'oranger bizarre
qui donne en même temps des oranges et des citrons.
   A côté de ces choses naturelles, le public, partisan du merveil-
leux, croit encore parfois à des faits prodigieux dont quelques-
uns ne reposent que sur une erreur traditionnelle ; telles sont