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JEHAN PERItÉAL. 213 « ainsi, je suis injurié pour toute rémunération. Pensez que « povres gens sont souffreteux. Je vous prie, remédiez-y au- « jourd'huy ; je n'y ose aller ; j'en ai honte. J'ay mis le « lion en estât à mes dépends ; je ne sais si on m'en saura « gré, et je crois que non ; car je le puy connoilre parceque « on me faict. J'ay déboursé sy peu d'argent que j'avois, en « fesanl la bcsoigne, procurant l'honneur de la ville, el de- « puys j'ai baillé deux francs à celui qui joua le diable, et « aussi j'en suis net. Plust à Dieu que eussiez en vous le « teusme (thème) que le prêcheur des Cordeliers a prins au- « jourd'huy et yer, qui est : Scntile in vobis. — J. PARIS. » Ce langage de l'artiste était ferme, peut-être exagéré, môme prétentieux si l'on veut ; mais on y voit percer le sen- timent du bon droit et celui de la justice. Cette réclamation fut prise en considération ; elle donna lieu à une délibération des Conseillers, en date du 16 avril, ainsi conçue : « Veue une certaine requeste baillée par escript, par « Jehan de Paris, peindre, habitant de Lyon, tendant à fin « de le récompenser des journées, vacations, peynes et (ra- c vaux par lui faicles, prinses et eues à la requeste desdicls e « conseillers, pour la conduicte et manufacture des mis- « 1ères feucts et joués à l'entrée première du roy, nostre aire, « en la dicte ville, et à meclre gens en euvre cl tenir « compte des journées et estouffes, d'une partie des ouvriers « el maneuvres qui ont besoignés en ce que dict est ; ont dé- « libéré el ordonné que, au dict Jehan de Paris, pour toute « récompense, paiement cl satisfaction des dictes journées, « vacations, peynes et travaux, ouRre une robe à luy don- c née par la dicte ville, a la dicte entrée, lui sera paie par le e « procureur, la somme de 20 livres tournois (1). (1) Registres consulaires B. B.- - Archives de l'Etôlcl-de-Ville de Lyon.