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ÉGLOGUES DE VIRGILE. 183 Le plaisir et la peine sont les deux principaux mobiles qui se disputent le partage de cette jeune âme ; les choses indifférentes n'ont pas le pouvoir de la faire sortir de son état neutre ou passif: attraction et répulsion sont générale- ment ses deux modes de sentir à l'égard des personnes et des choses. Faisons remarquer, avec le médecin P. Petit,. que le ciel a doué l'enfant d'une merveilleuse aptitude à recon- naître (5) ses parents : Quam promptus visos nosse et ratinero parentes ! Poemata selecta Pétri Petiti, doctoris medici, Paris, 1684. C'est que personne au monde ne serait mieux à même de comprendre ses besoins ; ils les devinent ; il s'établit bien vite entre eux un échange de rapports qui préparent et fa- çonnent cette intelligence naissante ; c'est comme un dialo- gue dont le senliment fait tous les frais à défaut de la parole; l'enfant répond à sa manière ; bientôt il sourit, risu cognos- cerc (6); le sourire est l'épanouissement de cette âme enfan- tine ; c'est l'indice d'une connaissance qui se développe; c'est la façon dont il manifeste pour le monde extérieur ses impressions et ses sentiments (7) ; le rire est, selon une (5) On lit dans Jimffrct {Les charmes de l'enfance , 3 e édit., Paris, 1793, in-18). « Un enfiint, sans autre guide que la pente de son cœur, sourit à son père et à sa mère, leur fail des caresses, leur rend des baisers, les cherche par ses regards et les appelle par ses cris. » (Fragments des livres sacres des Chinois). (6) C'est ce qu'exprime fort bien un poète ami de Corneille et de Balzac, Const. Iliiyghcns [Monumenta desuUoria, La Haye, 1653, in-8), s'adressant à un enfant royal de la famiLc de Nassau : Responsurus intérim siles, At quasi loquare, nempe risus veiba sunt, Nalivaquc a parente utroque suavitas. (7) « C'est dans le sourire qu'on va étudier les affections de l'âme