page suivante »
164 BIBLIOGRAPHIE. jourd'h'ui même, le nom de notre cher et savant collaborateur en tête de la liste des ouvriers typographes de la ville de Lyon, orga- nisés en Société de bienfaisance ; dira-t-on que sa famille appar- tenait à la classe laborieuse, et que lui-même, en 1863, était un simple ouvrier? Les Chaponay et les Varey n'ont-ils pas pu aussi, comme lui, patroner diverses sociétés sans perdre leur droit à la noblesse? et même des cadets de famille, des soldats de fortune, des étourdis, n'ont-ils pu, pour un temps, accrocher leur épec dans un coin de leur réduit et se mettre courageuse- ment dans le commerce ou l'industrie sans en c'rc moins grands pour cela, et sans que leurs aînés aient vu biffer leurs parche- mins? Nous connaissons personnellement un magistrat qui n'a jamais mis devant son nom une particule à laquelle il a légitime- ment droit; la plupart de ses amis ignorent son litre, ses enfants commettront-ils une usurpation s'ils veulent reprendre le nom que nous avons connu à leur grand père? ces questions sont délicates et nous croyons qu'il faut avoir la main extrêmement légère pour les toucher. Donc, sans blâmer l'auteur d'avoir approfondi cette question intéressante de notre histoire, nous nous per- mettrons de lui dire qu'il n'a pas été sans partialité dans son travail, et que s'il a bien fait de louer hautement ces drapiers et ces pelletiers qui maniaient d'une main ferme la hache et l'épieu, il n'a peut-être pas été rigoureusement juste en sacrifiant au goût du jour et en qualifiant généralement les nobles d'être ignorants # et peu sympathiques. Béreitger voulait qu'on pût aller même à la messe, espérons qu'un jour les idées seront tellement larges et démocratiques, qu'un fils de vieille famille pourra se dire noble sans être mis à l'index et montrer ses vieux parchemins sans être séparé du reste de la nation. A force de perdre tios préjugés, nous finirons peut-être par atteindre cette époque ; en attendant, louons l'érudition patiente et consciencieuse qui a creusé si profondément ce filon de notre histoire; remercions l'auteur d'être venu grossir la phalange de ces hommes d'élite qui consacrent leur temps et leur plume à l'éclaircissement de nos annales lyonnaises, et encourageons-le surtout à suivre sans défaillance le rude mais glorieux sentier dans lequel il est entré. A. V.