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PROGRÈS ET DÉCADENCE
DE
LA MUSIQUE RELIGIEUSE.
Les questions soulevées dans ces derniers temps sur la
musique religieuse sont loin d'être résolues ; on a beaucoup
écrit ; on écrit encore, et au moment où l'on croyait la cause
entendue et gagnée par les apologistes de la musique grave,
on s'est aperçu que l'arrêt, faute de sanction, était comme non
avenu pour les partisans de la musique légère. Néanmoins
aucune voix accréditée n'a osé prendre la défense de l'opéra
transporté dans le lieu saint ; le plain-cliant même est remis
en honneur, à la condition toutefois d'être altéré par le
contre-point et les orgues. Ceci est pour la théorie ; dans la
pratique, l'anarchie domine, et la musique règne ; elle com-
mande et on lui obéit ; elle introduit à sa guise des prières
et des motets que n'avaient pas prévus les rubriques, elle en
supprime d'autres pour laisser aux organistes l'occasion de
se faire admirer parfois, tout en conservant le texte elle en
intervertit l'ordre, fait chanter le Pater a l'offertoire et le
Stabat à la Pentecôte. Les chanterelles raisonnent jusque
sur les marches de l'autel, et le saint sacrifice de la messe
est relégué au second plan.
Cet abus remonte haut, et il ne faut pas songer à le dé-
truire tant que l'on n'aura pas posé nettement la question. A
l'église, quel que soit l'office, cet office est l'objet principal,
essentiel, qu'il n'est pas permis d'altérer, d'allonger, de re-