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128 JEHAN PERRÉAL.
« d'impôts, ils feroienl tout pour entretenir la bienveillance
« de Monseigneur; que les objets qui servoient aux entrées
a solennelles seroient prêtés; que chaque notable habillcroit
« un personnage, s'il le falloil ; que le consulat se chargeroil
« de tous les saints; enfin, que les gouverneurs des jeux et
« mystères auroient lieu d'être contents. »
Pendant k& ans, Perréal a consacré son talent de décora-
teur à l'éclat des cérémonies publiques, et à la splendeur des
divertissements populaires.
A partir de l'année 1483, jusqu'à sa mort, il n'est pas de
fêle nationale à laquelle il n'ait prêté le secours de son art,
afin de prévenir les désirs des magistrats, et de satisfaire la
politique de la Commune, qui avait à cœur de surpasser en
grandeur et en magnificence les autres villes de France. Il en-
trait, alors, dans les vues des administrations municipales de
s'attirer la faveur des souverains, par des présents et des ré-
ceptions splendides, pour en obtenir des privilèges et des
exemptions d'impôts.
Nous verrons bientôt que cette taclique, bien qu'onéreuse
au gouvernement de la cité, lui rendit quelquefois d'impor-
tants services.
S'il ne s'était agi, pour Perréal, que de cette seule renom-
mée de bon décorateur, on pourrait croire, avec raison, qu'il
ne possédait qu'une connaissance suffisante du dessin linéaire,
et des lois de la perspective ; qu'il se bornait à reproduire sur
la toile ou sur des panneaux de bois, quelques fonds de
ihédtre badigeonnés à la détrempe, ou ébauchés grossière-
ment, avec des figures crayonnées sans expression et sans co-
loris. Mais il n'en était pas ainsi : ses œuvres, comme peintre
de portraits h l'huile, attestent qu'il était aussi exact dessi-
nateur que bon coloriste. Peur lui, une manière n'excluait
pas l'autre ; il excellait dans les deux genres.
Nous avons déjà invoqué le témoignage de Jehan Lemaire,