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6                          SAINT AVITE.

seille, les Sidoine Apollinaire de Clermont, les Ennodius,
les Mamert Claudièn et les Avitus de Vienne.
   Il ne faut certainement pas attendre de ces écrivains d'une
époque de décadence universelle, l'élégance, la correction,
en un mot la perfection des poètes du siècle d'Auguste. La
langue latine, devenue la langue commune de tout l'Occident,
fatiguée par un long usage, n'avait pu passer sur les lèvres
de tant de peuplades barbares sans se faner, se ternir et se
corrompre, par un alliage de mots et de constructions tudes-
ques. Si nos poètes gallo-romains ne la restituèrent pas dans
ses premières splendeurs, du moins, en lui apprenant à
moduler les grandeurs et les merveilles de la religion chré-
tienne, ils lui rendirent tantôt une vigueur, tantôt une sou-
plesse, que sa décrépitude semblait lui rendre désormais
imppossibles.
   Saint Avite et saint Prosper ont laissé des pages dignes
des meilleurs temps de la poésie latine.
   Racine le jeune s'est chargé de tirer saint Prosper de
l'oubli ; saint Avite, qui ne le cède en rien au poète d'Aqui-
taine, qui le surpasse même, au dire des critiques du XVIe
siècle, et qui était a leur yeux le Virgile des Chrétiens ,
saint Avite était retombé dans une obscurité presque com-
plète, lorsqu'en 1829, M. Guizot, vint reprocher à notre
siècle une injustice aussi criante. Il est vrai que le génie
moderne a donné à l'épopée chrétienne un caractère et
une perfection tout nouveaux: le Tasse, au XVIe siècle,
Milton, au XVIIe, ont su rivaliser avec l'art antique ; mais il
faut tenir compte a chaque auteur du milieu où il a vécu,
des temps où il a écrit; je l'ai dit tantôt, aux Ve et VIe siècles,
le goût de la littérature était presque éteint, et c'est du sein
môme de cet âge de décrépitude, du sein de ces ténèbres
de jour en jour plus épaisses, que s'est élevée une œuvre
admirable par la grandeur et la sagesse du plan, la hauteur