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QUELQUES MOTS SUR LA TOMBE DE M. BRACHET. Notre ville a perdu un de ses médecins les plus distingués. Le 10 avril, le docteur Brachet succombait à l'âge de 69 ans, après une maladie dont ses amis et ses clients ne soupçonnaient pas la gravité. Ses obsèques ont eu lieu le 12 au milieu d'un nombreux concours de confrères et d'amis. M. le docteur Fraisse, secrétaire-général de l'Académie, au nom de la Compagnie, s'est exprimé en ces termes sur la tombe de l'éminent praticien: MESSIEURS, Avec quelle rapidité les deuils se succèdent dans notre Compagnie ! A peine une tombe s'est-elle refermée que la mort nous convie à de nouvelles funérailles. Viricel, Polinière, Comarmond ont suivi de bien près le vénérable Menoux et tant d'autres dont le souvenir nous est cher ; et, comme si ces pertes cruelles ne suffisaient pas au tribut que toute famille doit à la douleur, nous voici encore appelés à rendre les derniers devoirs à un confrère digne, entre les plus dignes, de notre estime et de notre affection. Voué par goût à l'art de guérir, Jean-Louis Brachet fut le parfait modèle du médecin. Sa vie peut être proposée en exemple à ceux qui débutent dans la même carrière. Ils y trouveront de précieux enseignements ; ils apprendront de lui le prix du temps et ce que le travail offre de puissantes ressources à l'homme qui veut parvenir par des voies honorables. Le docteur Brachet ne fut pas seulement un des médecins les plus occupés de notre ville, il est encore un de ceux qui ont le plus écrit sur l'art qu'il professait ; et, sans avoir négligé jamais sa nombreuse clientèle, il publia successivement plusieurs ouvrages qui lui ont fait un nom honoré dans le monde de la science. Une appréciation de ces ouvrages ne saurait trouver place ici ; je me bornerai donc à indiquer les principaux : De l'emploi de l'opium, — Traité pratique des canvulsions dans l'enfance. — Traité de fhypochondrie. — Mémoire sur l'asthénie. — Traité de l'hys- térie. Ces travaux, dont la plupart ont été couronnés par des Sociétés savantes, placent leur auteur au premier rang parmi les observateurs et les praticiens ; ceux qui suivent lui assignent une place distinguée entre les physiologistes de notre époque : ce sont ses Recherches expérimentales sur les fonctions du système nerveux ganglionaire (ouvrage qui a obtenu, à l'Institut, le prix de physiologie fondé par Monthyon), et sa Physiologie élémentaire de l'homme, l'un des traités de ce genre les plus complets. Professeur à l'Ecole secondaire de médecine, successivement président de l'Académie et de la Société de médecine, le docteur Brachet porta dignement le fardeau de ces fonctions et de ces honneurs, accordés à son mérite que rehaussait encore une rare modestie. Aimé et estimé de tous, jouissant de la position la plus désirable, celle de l'homme qui a su conquérir, tout à la fois, fortune et considération, notre confrère eut cependant ses jours d'affliction ; il eut à pleurer un fils unique. Mais son courage s'étant relevé sous la toute-puissante consolation du travail, tout lui présageait une longue et heureuse vieillesse, lorsque, tout à coup, sa santé subit une atteinte profonde, préparée sans doute par les fatigues incessantes de sa vie médicale. Comprenant, dès lors, que l'heure du repos avait sonné pour lui, il partit pour l'Itali*. Mais il était trop tard ! Quelques semaines s'étaient à peine écoulées qu'il revenait au milie-u de nous, pour s'aliter et pour mourir. Votre fin a été digne d'envie, respectable confrère ; elle a été adoucie par les soins de votre famille, par les secours de la religion et aussi par le