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                      LE PÈRE DE LA CHA1ZE.                          67
 Carné emprunte ces détails, n'a nullement le même caractère.
Le comte de Boulainvilliers était un des plus fougueux ennemis
de Louis XIV; esprit paradoxal, aveuglé, sans portée, homme de
mau/aise foi et qui poussait la haine contre la royauté jusqu'à
se servir contre elle d'expressions dignes d'un démagogue. Sans
pouvoir se rendre compte du progrès des siècles, il rêvait la
restauration pure et simple du régime féodal. Au reste, Boulain-
villiers ne publia lui-même aucun de ses ouvrages, ils ne furent
imprimés qu'après sa mort, sur des copies défectueuses, tron-
quées et interpolées. C'est ce qui eut lieu notamment pour son
ouvrage intitulé l'État de la France dans lequel M. de Carné a
copié sa citation (1). Ce n'est donc qu'avec une extrême réser-
ve que cet ouvrage doit être consulté.
   Si M. de Carné eût eu sous les yeux l'édition originale des
Mémoires de Basville, il eût évité sans doute de reproduire l'in-
terpolation de Boulainvilliers ou de ses copistes, contre laquelle
Rulhière, qui la cite, avait déjà tenu en garde ses lecteurs, en
ayant soin de déclarer que Boulainvilliers était un auteur peu
exact(2).
   Quoi qu'il en soit de ces exagérations, la guerre des Cévennes
offrit jusqu'à la fin un spectacle des plus affligeants, rendu encore
plus triste par l'humiliation que subit le drapeau de la France,
lorsque Villars pour la terminer, fut obligé, au nom du Roi, de
traiter des conditions de la paix avec un simple paysan, Jean
Cavalier (3).
   Le contre-coup de la Révocation s'était fait sentir dans toute
l'Europe et avait attiré sur la tête des catholiques de nouvelles
persécutions.
   Dans les Provinces-Unies, les Jésuites avaient formé quarante-

   (1) Etat de la France, par le comte de Boulainvilliers, t. V, édi-
tion in-12. Cet ouvrage renferme une analyse des principaux mémoires
envoyés à Louis XIV par les intendants.
   (2) Rulhière, t. I " , p. 326.
   (3) Jean Cavalier, le chef de l'insurrection des Cévennes, accepta un
brevet de colonel avec une pension de 1,200 livres.