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288             NOTICE SUIl Jt. BK LEZAY-MAUNKSIA.

les secrètes volontés de la Providence, devait, dans une
époque lointaine, rapprocher de nouveau ces deux enfants de
la même patrie, arrivés par des voies opposées sur Une terre
hospitalière. Le temps et la fortune les séparèrent trente ans
durant ; puis le jour vint où M. Guillot et son hôte oublié de
Lisbonne se reconnurent. Celui-ci était Préfet du départe-
ment de Loir-et-Cher, celui-là possesseur d'une grande terre
dans cet heureux pays des domaines princiers et des châ-
teaux historiques (1). Bien plus, par une réunion de circons-
tances, rare dans le cours ordinaire des choses, M. deLezay
s'éteignit a Blois, dans l'hôtel de M. Guillot qui n'était déjà
plus. Certes, le vieil armateur était loin de se douter que
son hôtel des bords de la Loire recevrait les derniers soupirs
du proscrit jeune et insouciant, autrefois accueilli dans sa
maison des rives du Tage !
   Nous avons laissé a Lisbonne, dans le charme de douces
relations sociales, M. de Lezay, s'y consolant fort paisible-
ment de ses disgrâces. La nouvelle du coup d'état de
fructidor, parvenue tout à coup à la factorerie française,
vint l'arracher a sa quiétude. Higgins en fut également
affecté, croyant apercevoir dans cette recrudescence des
passions populaires une cause de nouvelles infortunes pour
son ami. Au lieu d'aller visiter l'Andalousie, comme il
l'avait projeté, il résolut de se rendre directement a Madrid.
La , disait-il, des informations précises permettraient aux
deux amis de prendre un parti définitif, en connaisance de
cause. Ils hâtèrent, en conséquence , leurs préparatifs de
départ. Le trajet était de 130 lieues; ils le firent en quinze
jours, dans une voiture attelée de huit mules, immense

  (1) La terre de Chevcrny, qui après être sortie des mains du chancelier
Hurault de Chevcrny, rentra de nos jours en la possession de ses descen-
dants, parles soins mêmes de monsieur et de madame Guillot qui en pro-
posèrent l'acquisition au marquis Hurault de Vibrayc.