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                NOTICE SUR M. DE LEZAY-MARNÉSIA.              229

    tif, d'où la fumée s'échappait a grand peine par un trou pra-
    tiqué dans le toit ; le bloc dégrossi pour servir de piédestal
    a sa lampe remplie d'huile infecte; sa table informe, chargée
   d'un souper composé de bœuf salé et de restes de pain noir
   et de wisky; son lit de peaux de bêtes étendu sur le sol,
   couche commune de tous ceux qui survenaient. Cette hôtel-
   lerie était, du reste, semblable à toutes celles de la même
  route. C'étaient la les gîtes ordinaires d'un pays où le voya-
   geur trouve aujourd'hui les merveilles de la civilisation mo-
   derne unies aux douceurs de la vie comforiable.
       On dut achever par cette voie, au milieu de priva-
  tions , la traversée des Montagnes-Bleues, et on parvint,
  épuisé de fatigues, a Pittsburg, jeune ville de deux mille
  âmes, située au confluent des deux rivières qui forment
  l'Ohio, si bien nommé la Belle-Rivière. On s'y embarqua sur
  de grands bateaux plats qui étaient dépecés à l'arrivage, la
 navigation du fleuve se bornant alors a la descente.
       La colonie pouvait se promettre une bonne issue de
 ce voyage. Malheureusement, elle se vit forcée de le sus-
 pendre au confluent de l'Ohio et du Muskinghum, à Ma-
 rietta, simple bourgade jetée dans un désert, à la moitié
 des 500 milles qui séparaient Pittsburg des terres ache-
 tées par M. de Lezay. De fâcheuses nouvelles rendaient la
 halte indispensable. Les Indiens étaient encore maîtres des
 contrées qui s'étendent entre les lacs et le bassin du Scioto;
il fallait attendre le résultat d'une expédition dirigée contre
eux par le gouvernement de l'Union. On attendit donc;
mais malgré les talents du chef et la bravoure des troupes,
l'expédition échoua complètement.
      Ce désastre imprévu mit fin a toutes les espérances de
colonisation. De ces aventuriers rassemblés a si grands frais
par le marquis de Lezay, il ne demeura près de lui qu'un
petit nombre d'individus d'une moralité a l'épreuve. Le