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                    LES ANCIENS MANUSCRITS.                    363

   Sur beaucoup de manuscrits et plus tard sur un grand
nombre de livres imprimés, nous voyons, a la première page,
l'auteur agenouillé devant un grand personnage assis, et lui
offrant respectueusement son œuvre. Sans ces témoignages
irrécusables, saurions-nous bien apprécier aujourd'hui la na-
ture des relations qui existaient entre les grands et les lettrés ?
   Les repas sont souvent représentés dans ces miniatures.
Il n'est pas sans intérêt d'observer les détails du service, la
manière dont les convives sont placés, depuis les nobles
invités jusqu'au pèlerin et au mendiant admis à manger les
restes au bas de la même table.
   La bibliothèque impériale possède un beau manuscrit
coté sous le numéro 920. Parmi les précieuses peintures
qui le décorent, il en est une qui mérite une description
particulière. Dans une vaste salle dont les murs et le plafond
sont ornés de blasons et de rosaces, où tout indique la
noblesse et l'opulence, un seigneur et une dame sont assis
sur un banc de bois à dossier sculpté, devant une haute
cheminée où brille un grand feu. L'homme, dans la force de
l'âge, est vêtu d'une pelisse largement étoffée, doublée d'une
riche fourrure ; il tend ses deux mains vers le feu ; la jeune
dame qui est près de lui a la figure calme et modeste ; tous
deux paraissent uniquement occupés de la chaleur bienfai-
sante du large foyer. Je dois ajouter que ces personnages
ne sont pas seuls : un homme placé a quelques pas, près
d'un dressoir chargé de vaisselle, semble ouvrir la porte a
un visiteur.
   Tout est digne et honnête dans cette demeure, et le
dessin qui nous la représente n'aurait rien de remarquable
si ce n'était la manière dont la dame se pose pour se
chauffer : son attitude est d'un laisser-aller, d'un sans-gêne
qui nous donnent une singulière idée des façons des grandes
 dames au XVe siècle. Il faut bien admettre que les choses