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4!)2                   LE PÈKE DE LA CHA1ZE.
titre pure et simple du Formulaire. » La bulle fut enregistrée
au Parlement, et tous les évêques et les prêtres du royaume
furent appelés à la signer, sous peine de saisie de leur temporel.
    Ce fut alors surtout que l'on put juger en pleine connaissance
de cause de l'honnêteté et de la droiture des casuistes de la Grâce.
    La signature du Formulaire devint une véritable affaire d'Etat.
Parmi les jansénistes , les uns, ce fut le petit nombre, voulaient
qu'on refusât de signer, d'autres, et c'étaient les plus nombreux,
voulaient qu'on fit des réserves sur la question de fait ; ceux-là
étaient d'avis qu'il fallaiteigner, en se contentant de sous-entendre
mentalement le sens de Jansénius ; supercherie indigne et par-
jure sans excuse ! Quatre évêques seulement refusèrent de si-
gner ; ils déclarèrent s'en tenir, sur la question de fait, à un
silence respectueux.
    Pascal et Domat optèrent pour le refus pur et simple de signer
le Formulaire. Arnauld et Nicole soutinrent, au contraire, qu'il
était permis de signer en faisant une restriction mentale. Ce (ut
leur avis qui prévalut.
   Les religieuses de Port-Royal avaient résisté jusqu'à la der-
nière extrémité. Bossuet s'était rendu auprès d'elles, avec son
ami Hardouin de Péréfixe , archevêque de Paris. Ce fut d'abord
en vain que les deux prélats mirent en œuvre toute leur science
et tous les moyens de persuasion pour les amener à se sou-
mettre. L'archevêque dit en les quittant : « Vous êtes, il est vrai,
pures comme des anges, mais orgueilleuses comme des démons. »
   Bossuet, qui avait approfondi le jansénisme, et qui eût laissé,
sans doute, à la postérité, un admirable traité sur cette ques-
tion, si la mort n'eût fait tomber sa plume, Bossuet fut chargé
par M. de Péréfixe d'instruire les religieuses de Port-Royal sur
l'obéissance qu'elles devaient à l'Eglise. Il eut avec elles plusieurs
conférences et leur adressa une longue lettre dans laquelle il
leur prêchait la nécessité de la soumission entière de jugement cl
de persuasion absolue, dans les décisions de VEglise, contre les
erreurs aussi bien que contre les auteurs et les livres qui les en-
seignent (1). »

  (1) Journal de l'abbé Lcdieu, t, I e r , p. 75 cl suiv.