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                       ET DU PRINCIPE VITAL.                 443

homme. Otez de Socrate cette âme unique, il ne lui restera
rien, pas plus la vie que l'intelligence, pas même le corps,
qui, la forme n'étant plus, cesse d'être en acte et s'éva-
nouit (1). Il est vrai qu'à la différence d'Aristote, et aussi,
nous allons le voir, de Leibniz, ce n'est pas la même âme
que saint Thomas fait passer de l'état d'âme végétative, par
des évolutions successives, jusqu'à la dignité d'âme intel-
lective. En même temps qu'un être végétatif s'élève a la
condition supérieure d'être sensitif, l'âme purement végé-
tative qui était en lui, disparaît, s'anéantit, pour faire plat;e
a une âme nouvelle qui se montre tout à coup sur la scène,
possédant à la fois la nutrition et la sensibilité. Même
révolution dans le passage de l'être sensitif a l'état supérieur
d'être raisonnable ; c'est encore une âme nouvelle, l'âme
intellective, qui renverse a son tour l'âme sensitive retenant
en elle tout ce qu'avaient de vertu les âmes qui l'ont précédée
et les dépassant par la raison (2).
   Nous n'avons a juger ni en elle-même, ni dans ses
conséquences, cette doctrine meurtrière d'un si grand
nombre d'âmes ; il suffit d'établir que, pour saint Thomas
comme pour Aristote, il n'y a dans l'homme qu'une seule
âme, qui est en même temps le principe de la vie et le
principe de la pensée.
   Avec la philosophie d'Aristote et de saint Thomas, cette
doctrine sur la nature de l'âme a dominé dans toute la
philosophie du moyen âge. Au seizième siècle, si nous en
croyons Charron, elle était encore la plus commune opinion :
   « La plus commune opinion sur l'âme est qu'il n'y en a
en chacun homme qu'une en substance, cause de la vie et
de toutes les actions..., laquelle est garnie et enrichie de

  (1) Summa theol. pars, quaest. 76, art. 3.
  (2) Summa l/ieol. pars prima, quœst. H 8 , arl. 2.