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               NOTICE SUR M. DE LEZAY-MARNÉSIA.                    223

prit novateur, singulier mélange d'idées aristocratiques, de
tendresses plébéiennes (1), et d'aspirations a l'idylle, mis
alors a la mode par le livre fameux •. L'ami des hommes.
Maintes fois même, ils furent à portée d'entendre des écrivains
célèbres de l'école du marquis de Mirabeau, de Malesher-
bes, de Condorcet, développer des thèses de politique, des
doctrines de philosophie. Peut-être encore apprirent-ils quel-
que chose des paradoxes de [Jean-Jacques, des ironies de
Voltaire, objets l'un et l'autre de l'admiration de leur père.
   Ces impressions, de nature hétérogène, ne fructifièrent
pas en portion égale dans l'âme du jeune comte Albert. Les
unes qui procédaient du vieux culte de l'honneur, hérédi-
taire dans sa maison, s'y développèrent , épurées par le
temps, l'expérience et l'adversité. Des autres, qui tenaient
à l'esprit, déjà révolutionnaire, du XVIIIe siècle, il prit cette
opinion favorable à l'établissement d'une constitution à l'an-
glaise, et se rapprocha constamment, dans sa carrière admi-
nistrative, des hommes éminents épris de cette forme de
gouvernement, si fatale en France, cependant, à tous ses
 promoteurs.
   Ce fut de cette éducation divergente, de cette atmosphère
domestique, livrées a des courants d'idées si contraires que,
sans autre préparation, M. de Lezay fut lancé dans le tour-
billon d'une société frivole, souriante, toute de paix a la sur-

  (1) « Offrant à nos regards l'image des grands hommes,