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                       BIBLIOGRAPHIE.                       255

époque. 11 prête son appui au pape Honorius, et contribue à
étouffer, au moins pour un instant, le schisme qui désolait
l'Église ; il accueille comme un frère le téméraire mais mal-
heureux Abailard, qui se relire de la lutte avec le grand abbé
de Cîteaux , tout meurtri des coups de sa rude et vigoureuse
main; il assiste au concile de Pise, où il est traité comme le
chef de l'Église gallicane; il réconcilie les princes elles évo-
ques, intervient en médiateur dans les différends des papes et
des rois, prèle son appui à saint Bernard quand il s'agit d'é-
branler l'Europe, et allume de tous côtés, par ses lettres, le
feu de la guerre sainte ; partout, en un mot, où il se remue
quelque chose de grand et de généreux, partout où il y a du
bien à faire par la parole ou par l'action, on est sûr d'y en-
tendre la voix de Pierre le Vénérable, ou d'y trouver sa
main.
   Celte biographie, écrite d'après les textes originaux, re-
produit, ensemble, assez fidèlement la physionomie de Pierre
le Vénérable. Elle se fait lire avec intérêt : l'érudition n'y
est point lourde, et, malgré le nombre des faits qu'il em-
brasse, le récit se déroule avec aisance et rapidité. Les di-
verses appréciaiions qu'on y rencontre dénotent un esprit ju-
dicieux, pénétrant, plein de droiture el de franchise, et l'on
se sent porté à les accepter sans contrôle. Il en est une, ce-
pendant, à laquelle je me permettrai de contredire.
   A propos du démêlé survenu entre les moines de Gluny ei
ceux de Cîteaux au sujet de la discipline, M. Duparay est
naturellement amené à établir un parallèle entre Pierre le
Vénérable el saint Bernard. Séduit sans doute par la physio-
nomie souriante de l'abbé de Cluny, et par son altitude calme
el douce dans le débat, il se déclare ouvertement pour lui, et
semble accuser son illustre adversaire de manquer de modé-
ration et d'exagérer le zèle. Sans contredit, la modération
est admirable en touie chose, mais il ne faut pas qu'elle dé-