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CHRONIQUE LOCALE. 175 quelque chose dans ce concours inusité ; mais il faut se féliciter de voir se répandre le goût de ces solennités dont l'Académie a eu raison d'augmen- ter le nombre. Est-ce trop de deux ou trois soirées par an consacrées à en- tendre la lecture d'une œuvre originale ou le compt.*-rendu d'un concours ? N'y a-t-il pas à Lyon comme à Paris une société qui s'intéresse aux choses intellectuelles, et pour tout dire, un public littéraire? L'empressement des auditeurs à la dernière séance répond suffisamment à une telle question, et nul doute qu'il eût été plus grand si l'Académie s'était montrée plus prodigue de ses lettres d'invitation. Décidément la salle actuelle n'est plus suffisante ; la ville de Lyon qui renouvelle tous ses monuments ne peut laisser ses établissements littéraires dans l'état précaire et peu digne où ils se trouvent. On a écouté avec recueillement le discours de M. Bonnet sur l'oisiveté des jeunes gens riches. Le sujet est vaste, et M. Bonnet n'a pas eu de peine à montrer que c'était là une des grandes plaies de notre temps, que l'ins- tabilité actuelle des fortunes n'avait pas de cause plus active. Nos lecteurs ont lu ce morceau dans la Revue ; mais ce dont nous ne pouvons donner qu'une idée, c'est de cet, accent d'honnêteté sympathique et persuasive qui a provoqué les applaudissements ainsi que l'adhésion sans réserve de l'auditoire. M. Gunet lisait une traduction en vers de VOEdipe roi, de Sophocle. Ce que nous pouvons dire de mieux de cet essai, c'est qu'il n'a pas été jugé inférieur à la traduction d'Electre. Nous avons retrouvé le même style, les mêmes traditions de la bonne école tragique , le même succès dans la lutte contre des difficultés extrêmes. On a su gvé à M. Gunet d'in- terpréter et de faire comprendre de cette manière un des chefs-d'œuvre du théâtre grec. — Nous devons signaler, pour son importance, un travail qu'exécutent en ce moment MM. de Dignoscyo, ingénieur eivil à Lyon, et Rembielinski, ingénieur géographe, graveur à Paris : le plan de la ville de Lyon, à l'échelle de . Du moment où nos vieilles rues étroites et malsaines ont fait place r 500 à de magnifiques avenues qui laissent circuler à flot l'air et la santé sur notre population; alors que, sur la rive gauche du Rhône, de nouveaux quartiers se tracent et s'élèvent avec une rapidité merveilleuse, l'Admi- nistration municipale a senti le besoin de plans nouveaux en rapport avec les transformations effectuées. Le beau travail , qu'on poursuit par ses ordres, formera aux archives de la ville, une série d'atlas, comprenant au moins 200 feuilles, format grand aigle, où l'Administration des ponts-et- chaussées, et celle de la voierie trouveront indiqués les plus petits détails de la grande cité. Une opération géodésique plus vaste encore, et qui n'intéresse pas moins l'agglomération lyonnaise, est confiée aux mêmes ingénieurs : nous voulons parler des levés du cours général du Rhône et de la Saône, exécutés comme point de départ de travaux ultérieurs, en vue d'opposer, suivant la pensée du Gouvernement, une barrière au fléau des inondations. Comme rudiment à ces deux opérations capitales, on sait que les habiles entrepreneurs qui en sont chargés avaient publié, dès les premiers mois de 1857 , un plaft complet de la ville de Lyon au un dix millième, ainsi qu'une carte du bassin du Rhône, de Genève à la mer, seuls travaux de cette nature capables de répondre aux besoins des ingénieurs hydrogra- phes et des touristes. Un personnel nombreux d'employés capables est attaché à ces deux opérations capitales, et les fait marcher de front avec une activité qui permet de croire que les résultats définitifs en seront livrés