Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
î>Oâ                     (LE PÈftft DE LA CHAIZE.
attribuait adroitement à toute la Société les opinions extrava-
gantes de plusieurs Jésuites espagnols et flamands. On les
aurait déterrées tout aussi bien chez les casuites Dominicains et
Franciscains ; niais c'était aux seuls Jésuites qu'on en voulait (1).»
    Linguet n'est pas moins explicite dans son Histoire impartiale
des Jésuites (2), or, il ne faut pas oublier que Linguet est loin
d'être favorable à cet Ordre.
    Si donc il est démontré par la critique et par les témoignages
imposants des juges les plus désintéressés que la principale accu-
sation formulée par Pascal repose sur un fondement faux, que
restera-t-il des Provinciales ?
    Si quelques Jésuites ont commis des erreurs répréhensibles,
quel est l'Ordre religieux, quelle est l'école philosophique qui n'a
pas eu à gémir des égarements de quelques-uns de ses disciples ?
Les Jésuites, pas plus que les autres hommes, n'ont reçu du ciel
l'infaillibilité en partage ; mais si quelques-uns d'entre eux se
sont fourvoyés, s'en suit-il que l'Ordre entier ait marché sur leur
trace V s'en suit-il qu'il ait pratiqué une morale et une doctrine
autres que celle de l'Église'/ Affirmer plus longtemps une telle
proposition ne prouverait pas moins d'aveuglement que de pas-
sion , et notre siècle , dont l'esprit de critique devient de plus en
plus indépendant et judicieux, finira bien , tôt ou tard , par faire
justice de ce vieux préjugé.
   La fameuse querelle faite aux Jésuites par Pascal d'avoir inventé
leprobabilisme en morale, n'est pas plus exacte historiquement,
et, d'ailleurs, les coups que frappe l'auteur des Provinciales por-
tent complètement dans le vide, puisque l'Eglise n'a jamais incri-
miné cette doctrine. Rome n'a censuré que les excès du proba-
bilisme -, quant à la doctrine en elle-même, elle l'a si peu condamnée
qu'elle a mis récemment au rang des Saints le célèbre Liguori,
partisan déclaré du probabilisme.
  Bien longtemps avant que quelques auteurs Jésuites eussent
adopté le système des opinions probables, les Dominicains

  (1) Voltaire. Siècle de Louis XIV, chap. xxxvn.
  ('-») Hist. impartiale des Jésuites, Londres, 1777. I. 1 er , p. 32f>,