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                              NAPLES.                          3ù!f
«   le zéphyr ou par l'aquilon, glacé vers le pôle, bouillant sous
«   la zone torride, tu es toujours sublime et sans limites ; tu es
«   l'image de l'éternité, le trône de l'Invisible. Ta vase féconde
«   elle-même , produit les monstres de l'abîme ! Chaque région
«   t'obéit ; tu t'avances terrible, impénétrable et solitaire.
                              CLXXXIV.
    « Je t'ai toujours aimé, Océan, et les plus doux plaisirs de ma
 « jeunesse étaient de me sentir sur ton sein, errant à l'aventure
 « comme tes flots. Dès mon enfance, je jouais avec tes brisants ;
 « rien n'égalait le charme qu'ils avaient pour moi. Si la mer
 « irritée les rendait plus terribles, mes terreurs me charmaient
 « encore, car j'étais comme un de tes enfants. Je nie confiais
 « gaîment à tes vagues, et je jouais avec ton humide crinière,
 « comme je le fais encore en ce moment           »
    De quelle contrée la mer se découvre-t-elle aussi belle que
 des rivages d'Italie ? Et la mer à son tour devient un des prin-
 cipaux attraits de cette terre de beauté, de poésie, d'harmonie,
 dont la configuration étroite et allongée, comme une éclatante
 écharpe que les continents auraient laissé se dérouler sur l'a-
 bîme, donne à chaque instant aux paysages l'immensité des flots
 pour bordure et pour horizon. Ainsi que l'illustre poète anglais,
le voyageur et celui même qui ne connaîtrait pas l'Océan, se
prend en Italie à aimer d'un ardent amour cette sorte de ciel
terrestre et mobile qu'il perd sans cesse de vue et relrouve tou-
jours avec les transports naïfs et ardents de la passion. Qu'il
embrasse la mer du haut des Apennins dans un coup d'Å“il
vaste et sublime , ou qu'il suive ses bords dentelés parsemés
d'oliviers , d'orangers et d'aloès, il la salue toujours avec un
indicible ravissement !
   J'éprouvais vivement ces sensations en arrivant à Terracine,
au sortir des longues steppes des marais Pontins ; une végétation
luxuriante et pourtant triste comme la mort, pas d'habitations
humaines, pas de créature animée, hormis quelque noire cor-
neille, puis tout d'un coup la mer !... la mer bleue et sans
bornes avec ses lames vivantes, ses barques aux voiles blanches,
ses navires empanachés de vapeur comme le Vésuve, et Terracine