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                      EXPOSITION DE 1858.                      239

portrait de sa femme, qui était au Salon de .1855, est préférable
comme création et comme composition.
   On dit depuis longtemps que la peinture religieuse est en déca-
dence, et les causes en ont été souvent débattues. La plupart ont
voulu faire provenir cette décadence de l'affaiblissement du sen-     *
timent religieux lui-même. Nous ne nions pas cet affaiblisse-
ment-, nous sommes loin, il est vrai, de ces mystiques artistes du
XVe siècle, qui peignaient à genoux leurs Vierges et leurs saintes,
mais, par contre, est-on bien sûr que Pérugin, que Raphaël qui
fut son disciple, fussent profondément, pénétrés de ce sentiment
quand ils cherchaient les sujets de leurs immortelles composi-
tions dans la Bible ou dans l'Evangile? Cela peut être contesté, et
la cause de cette décadence doit être cherchée ailleurs. Si, sans
 pourtant suivre l'exemple de M. Périn, qui a mis dix ans pour
décorer la chapelle de l'Eucharistie, de Notre-Dame-de-Lorette,
et qui a fait un chef-d'Å“uvre, nos peintres religieux pouvaient
travailler plus longtemps, plus consciencieusement à ce qu'ils
ont entrepris ; si, comme M. Hippolyte Flandrin , tous se
préparaient à la grande peinture par de fortes études , on
ne crierait pas avec tant de raison : L'art religieux se perd !
Mais, les exigences de la vie entourent l'artiste ; la mode
est une nourrice plus féconde que la pratique de l'art sé-
rieux, et on se livre à cette éphémère, et l'on s'inquiète plus de
faire beaucoup que de faire bien, et voilà pourquoi nous n'avons
que de médiocres pages religieuses pendant que les tableaux de
genre et les petits paysages débordent dans les Expositions.
   La peinture historique partage le destin de la peinture reli-
gieuse: ses représentants n'abondent pas. Je ne dirai rien de
M. Colin, dont le Michel-Ange gardant son domestique mourant
court les Expositions depuis et avant 1855. La Maréchale d'Ancre
de M. Goupil est, ce semble, cousine au cinquième degré de la
Sainte-Famille de M. Hillemacher. Je ne suis pas historien assez
querelleur pour faire observer à M. Goupil qu'Eléonora Galigaï,
après l'assassinat de son mari par le baron de Vitry, fut arrêtée
au Louvre sans qu'on lui permît d'embrasser ni son fils ni sa fille
qu'elle ne (levait plus revoir. J'admets la vérité de sa donnée ;