Revue du Lyonnais » série 2 - n°16 ( 1858 ) » pp.420

LE DÉPARTEMENT BU RHÔNE, HISTOIRE, STATISTIQUE, GÉOGRAPHIE , par Joseph
               BARD. Lyon, Brun et C e , rue Mercière. 1858.

   A la lecture du litre, bien des gens s'imagineront que le livre est une
aride nomenclature, hérissée de chiffres, farcie de renseignements usuels,
calquée sur tous les guides passés et présents. Qu'ils se rassurent ; il y a bien
un peu de tout cela, mais il y a beaucoup d'autres choses aussi. L'auteur,
infatigable champion de la province, n'écrirait pas, même un livret de
chemin de fer, sans y intercaler quelques détails instructifs, quelques
lignes militantes en faveur de ses idées. Ce n'est que sous ce rapport que
nous allons en dire un mot, la partie statistique et pratique n'entrant pas
dans le cercle de nos occupations.
   M. Bard a parfois soulevé des critiques, soit à cause d'une certaine
excentricité dans sa manière d'écrire, soit à cause de son attachement au
passé et aux régions Burgundo-Lyonnaises. Pour nous, cet attachement est
une recommandation, lorsqu'il n'est pas exclusif d'un sage discernement du
bon et du mauvais, et d'une marche véritablement progressive vers le bien.
Il y a tant de déserteurs de cette cause, tant de soldats entraînés au nord
par de frivoles séductions, que nous ne saurions refuser notre sympathie
à ceux qui nous restent fidèles et ne rougissent pas de la qualification de
provincial. En rougir, et pourquoi ? Par un sot respect humain , parce
que les Parisiens s'en moquent, pitoyable motif, et M. Bard a raison de
prendre en main avec sa verve habituelle la cause de la province méconnue.
Et puis, où sont donc les provinciaux, avec les chemins de fer ? les provin-
ciaux, ils ne sont ni à Lyon, ni à Bordeaux, ni à Marseille ; en réalité, et à
bien épiloguer ce mot, les grjnds centres n'en ont jamais fourni le véritable
type, ils sont dans quelques quartiers de Paris même, ou dans des villes
qui rayonnent autour de la capitale, et en ont parodié les ridicules sans
en prendre les qualités.
  En tout cas, ce qu'on ne peut dénier à M. Bard, ce sont ses connaissances