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290            NOTICE SUR M. DE LEZAY-M ARNÉSJA.

  essuyée en vue des côtes de France, fit craindre aux deux
  amis d'être jetés sur cette terre, alors inhospitalière. La
 Providence en décida autrement et M. de Lezay put revoir
 la capitale de l'Angleterre.
    11 comptait y trouver sa mère, qu'il savait s'y être réfugiée,
 après l'invasion de la Savoie par l'armée française. Elle avait
 cessé de vivre. Il donna des larmes sincères a sa mémoire ;
 elle les méritait comme femme et comme mère. La marquise
 de Lezay, par ses vertus et ses talents s'était acquis l'es-
 time et la considération du monde; ses rares qualités lui
 avait fait obtenir la croix de Marie-Thérèse. Lorsque la Révo-
 lution la précipita du rang élevé qu'elle occupait, la fermeté
 d'âme dont elle était douée la suivit a travers les vicissitudes
 imméritées de la persécution et de l'exil. Privée de res-
 sources sur la terre étrangère, elle sut se créer une exis-
tence indépendante par un talent très-distingué de peintre ;
les miniatures qu'elle fît en Angleterre durant l'émigration,
y sont aujourd'hui encore fort recherchées.
    La crise révolutionnaire où venait d'entrer la France
avait donné de l'ombrage a la police anglaise. M. de Lezay
n'obtint qu'avec peine la permission de sortir de l'Angleterre;
encore fut-il obligé, ne pouvant aller directement en Hollande,
de s'embarquer pour le port danois de Cuxhaven. On était au
mois de décembre. Fort a court d'argent, il se Vit dans la né-
cessité de faire le trajet qui sépare Hambourg d'Amsterdam,
en chariot découvert, sans aucune de ces précautions qui
garantissent de la rigueur du froid dans les contrées septen-
trionales..
    Cependant l'Administration a laquelle il appartenait avait
disparu, atteinte dans son existence par les é\énements de
fructidor. D'autres hommes avaient remplacé ceux qui
l'avaient employé. Il ne se découragea point cette fois. Ins-
truit par le malheur, et aussi par l'exemple de sa vertueuse