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               NOTICE SUR M. 1)E LKZAY-MARNÉSU.                      28$

lieux où sa vie s'était épanouie h quelques rayons de bon-
heur. Jamais route ne lui parut aussi longue que celle qu'il
fut obligé de faire seul, à pied, le sac sur le dos, jusqu'à
Rouen, lieu fixé pour la réunion du contingent. Grand et
robuste, sachant monter à cheval, il fut incorporé dans le
2e de carabiniers, avec quelques jeunes gens de Forges,
charmés, ainsi que lui, de cette circonstance. Il fut inscrit
sous le nom patronymique d'Albert, dont l'obscurité devait
couvrir son nom de famille qui pouvait être alors un arrêt
de mort car, après leur fuite de Paris au 31 mai, les deux
frères avaient été inscrits sur la liste des émigrés.
    De Caen, où la première revue de son détachement fut
passée par un général, autrefois simple dragon de sa com-
pagnie, au régiment d'Orléans, et de qui il crut prudent
d'éviter les regards, il rejoignit, avec tout le régiment de
carabiniers qui les attendait à Lille, l'armée du Nord aux or-
dres de Moreau.
    Bientôt, aux plus mauvais jours de la Révolution, des
commissaires envoyés pour reconnaître les ci-devant nobles
 qui se dérobaient a la proscription sous l'habit militaire,
 faisaient la visite du 2e carabiniers. M. de Lezay eut le bon-
 heur d'échapper à leurs investigations, bien que son nom de
 famille fût connu de tous ses camarades de Forges. Mais
 telle était l'affection que ses rares qualités inspiraient à ces
jeunes gens, qu'aucun d'eux n'avait divulgué, depuis son
 entrée au régiment, un secret d'où pouvait dépendre le sort
 de son ami (1).
    M. de Lezay suivit le corps d'armée , commandé par
 Moreau, aux sièges d'Ypres, de l'Écluse, d'Anvers et de

  (1) Dans celte circonstance, le colonel du régiment, le comte d'Anglais,
dont la qualité n'était un secret pour personne, fut maintenu à son poste
par la ferme volonté de ses soldats qui l'adoraient,