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284           NOTICE SUR M. DE LEZÀY-MARNÉS1A.

diseur, et surtout fécond en ressources. Prévenu a temps de
leur arrivée, il leur avait retenu un logement, modeste
comme leur fortune.
    Une fois installés, d'après les conseils de Livron et
pour justifier aux yeux des autorités le témoignage du
commissaire de la Convention, les deux frères se mirent a
fréquenter les clubs de l'endroit. lis en devinrent même les
poètes. Ils composaient des chants patriotiques. Mis en mu-
sique par la citoyenne Livron, les essais lyriques de ces
Tyrtées improvisés étaient chantés avec un frénétique en-
thousiasme.
    Un si beau succès les ayant encouragés, ils entreprirent
de composer un opéra de circonstance. Le sujet était le
siège de Maubeuge. La pièce, empreinte d'un patriotisme
tout romain, fut lue au club de Forges et dans la société
populaire de Gournay, petite ville voisine. Malgré le succès
éclatant qu'elle obtint dans ces deux réunions, elle ne fut
pas représentée. Albert de Lezay ne voulait rien moins que
Méhul pour en écrire la musique ; mais il ne put obtenir la
collaboration du célèbre compositeur. Toutefois cette pièce
 valut a nos auteurs un surcroît de popularité fort utile, et
qui ne pesait en rien sur leur conscience.
    Tandis que les heures se consumaient dans cette heureuse
 quiétude, une loi fut rendue, qui appelait aux armes tous les
 jeunes Français de 18 à 20 ans. Ils appartenaient, l'un et
 l'autre, a cette catégorie. Une affection du larynx fit exemp-
 ter Adrien. Albert, n'ayant aucun cas d'exemption h faire
 valoir, fut inscrit sur les contrôles de l'armée. Grande fut
 la douleur des deux frères! Us s'aimaient tendrement. A
 peine réunis, une séparation nouvelle allait les exposer,
 une fois encore, aux plus dures et aux plus pénibles an-
 xiétés! Le cœur d'Albert se serra cruellement quand il fallut
 quitter, ne sachant s'il les reverrait, ce, frère, ces amis, ces