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192 DANGER DE L'ACCROISSEMENT DES VILLES la salubrité des campagnes et a l'allégement de leurs misères, serait si féconde pour la terre et pour les hommes. En donnant aux villes un développement anormal, vous créez des populations qui semblent comme perpétuelle- ment suspendues sur un gouffre, parce qu'elles ne reposent que sur un capital bien plus fictif que réel, incessamment soumis aux caprices du luxe, aux chances et a tous les revers industriels ou politiques ; à la grande différence des populations rurales, qui sans doute peuvent être dou- loureusement atteintes par l'intempérie des saisons, mais enfin pour lesquelles le sol forme un capital toujours inva- riable et toujours réparateur qui ne les abandonne jamais. Les villes ne sont que trop attractives de la population ; il faut en détourner l'habitant des campagnes, plutôt que de le convier, par de décevants attraits, a une existence qui trop souvent altère les conditions de la vie morale et physique. La proportion des mariages est moins grande, la propor- tion des naissances moins élevée et le rapport des enfants naturels aux enfants légitimes plus considérable dans les villes que dans les campagnes, et à Paris que dans les au- tres villes (1). Dans les villes, sous l'action d'une misère léthifère, la mortalité est bien plus forte et la vie moyenne, ce critérium de la civilisation, bien moins longue que dans les campa- gnes. A Paris, un tiers de la population meurt dans les hô- • pi taux. Le nombre des crimes et des délits des populations ur- baines se manifeste dans une proportion qui s'élève pres- que au double des crimes et des délits commis par les popu- (1) Voir l'article sur le Mouvement de la population eu France en 1853, par M. Legoyt, qui considère celte année comme normale. Journal des Economistes de février p. 200 et suiv.