Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                          CORRESPONDANCE.                        loo
 Lyon, elle est évidemment supposée par le critique pour jeter
 du ridicule sur mon ouvrage. Dans les considérations générales
 qui sont l'objet de ma préface, je m'étais montré frappé d'un
 fait que je n'avais pas été certes le seul à remarquer, c'était
 l'impulsion qui entraînait une quantité d'esprits très-élevés mais
 aussi très-divers, partis de tous les points de l'horison intellec-
 tuel pour s'approcher d'un centre commun vers les idées démo-
 cratiques et en même temps vers les idées catholiques. — Je
 dis se rapprocher, mais non encore pour quelques-uns, se réunir.
 En parlant de ce mouvement, les noms qu'a rapportés M. Péri-
 caud tombèrent sous ma plume ; j'aurais pu en ajouter beaucoup
 d'autres. Là, je l'avoue, je crus voir la loi de l'avenir. M. Péri-
 caud peut triompher, car ma prédiction a été cruellement dé-
mentie. Les tempêtes ont soufflé et tous les membres du faisceau
 qui commençait à se former ont été dispersés au loin dans le
champ sans limite des contradictions, en sorte que les noms que
 j'ai cités présentent aujourd'hui le plus étrange contraste d'opi-
 nions politiques , philosophiques et religieuses. Quant à moi, je
le regrette profondément, non pas à cause du déplaisir d'être un
 prophète pris en défaut, mais par des motifs pris dans une con-
 viction sincère.
    « En 1789 , me fait dire M. Péricaud, la ville de Lyon était
 « grevée d'une dette de quarante millions ; elle provenait soit
 « d'emprunts depuis l'année 1722 pour dons gratuits à la Cour,
 « soit de folles dépenses et de dilapidations. La population ou-
 « vrière avait à souffrir de fréquentes disettes. Il fallait pour
 « rélormer tant d'abus et tant de misère, une puissance à naître
 « qu'on ne pouvait deviner        le peuple. »
    Ces phrases, qui sont guilleinetées comme une citation tex-
tuelle de mon livre, ne m'appartiennent pas. J'en accepte ce-
pendant le fonds avec des réserves ; car je n'ai pas été assez
 absurde pour imputer à l'administration de la ville, avant 1789,
 des fléaux industriels ou naturels, qui sont encore aujourd'hui
presque périodiques, tels que les crises commerciales et manu-
facturières et les disettes de grains provenant des mauvaises
saisons. M. Péricaud reconnaît avec moi l'énorme dette de la
ville de Lyon. Je n'en fais remonter le point de départ qu'à d 722,
parce qu'à cette époque il y eut une liquidation. La ville avait
été durement frappée pendant les dernières années du règne
de Louis XIV; elle pliait sous son fardeau financier et surtout
sous celui des octrois qu'il avait fallu établir pour le service des
intérêts. Le système de Law parut être une mine si féconde que
l'Etat se crut en mesure de se charger des dettes des villes, et
de leurs créanciers fit les siens. Ce passif de quarante millions
auquel était remontée la dette lyonnaise en 1789, M. Péricaud
le déclare supportable par deux raisons; la première, c'est qu'il
ne grevait la ville que de la rente, le capital n'étant pas rem-
boursable; la seconde, c'est que le crédit de la ville était si