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150                      CORRESPONDANCE.
bien établi que de tous côtés les offres de capitaux affluaient à sa
caisse, sous des conditions très-modérées, même au denier cin-
quante. Ici M. Péricaud commet deux erreurs : 1° il résulte de
l'état des dettes de la ville dressé en 1790, et que j'ai rapporté
dans mon premier volume, que le capital non remboursable des
rentes constituées s'élevait au chiffre de vingt-un millions et que
tout le reste consistait en capitaux exigibles et à termes; 2° s'il
y avait des rentes constituées à deux pour cent, c'est qu'en
1722 une certaine quantité de créanciers , menacés d'être rem-
boursés en billets de la banque de Law qui perdaient déjà énor-
mément, traitèrent avec la ville en réduisant leur rentes à deux
pour cent.
    Mais, dit M. Péricaud, si la ville avait son passif elle avait
aussi son actif dans les riches dots de nos corporations et de nos
communautés religieuses. J'ai fait remarquer, dans le cours de
mon histoire, ce singulier contraste de la ville de Lyon très-opu-
lente dans ses citoyens manufacturiers et négociants, et très-
pauvre dans ses finances municipales. Qu'y avait-il de commun
entre les caisses regorgeantes des particuliers et la caisse obérée
de la ville ? Lorsque l'Etat faisait pleuvoir une nuée d'édits bur-
saux ou exigeait un don gratuit, ce n'étaient point ces Messieurs
qui faisaient largesse pour y satisfaire , mais on empruntait la
 somme qui venait grossir le passif de la cité et on obtenait
l'établissement de quelque nouveau sur-octroi pour le service
des intérêts. Quant aux communautés religieuses, elles se ren-
fermaient dans leurs privilèges pour ne contribuer à aucune
 charge publique, municipale ou nationale, et elles avaient même
 des exemptions pour le vin et les autres denrées qu'elles consom-
 maient.
    M. Péricaud ne peut admettre que notre Consulat, le plus vé-
 néré de l'Europe, au langage de Savary, fût coupable d'un désor-
dre dans nos finances. D'abord je ferai remarquer que Savary
 parle de notre juridiction consulaire , appelée le tribunal de la
 Conservation , renommée en effet sur toutes les places de l'Eu-
 rope, pour la sagesse et l'équité de sa jurisprudence commer-
 ciale. Mais fallût-il étendre cette apologie à toutes les branches
 de l'administration consulaire , je ne m'y oppose pas. Je n'ai ja-
 mais cessé, dans le courant 4e mon histoire, de rendre hommage
 à la parfaite honorabilité de nos magistrats municipaux, dont les
 descendants, qui vivent parmi nous, ont conservé les pures tradi-
 tions et sont l'élite de nos concitoyens. J'ai très-souvent loué leur
 zèle et quelquefois leur courage dans des occasions importantes.
 Notamment personne n'a plus applaudi que moi aux soins actifs
 et multipliés du dernier consulat, dans la crise industrielle qui
 sévissait depuis 1787, et dans le cruel hiver et la disette de
 1789. Mais ce que je répète, c'est que le Consulat n'avait pas la
 force de triompher des abus qui régnaient autour de lui et de ceux
 de sa propre institution. Il ne représentait plus rien, n'ayant