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154                       CORRESPONDANCE.
et au caractère moral de ses actes ; bien entendu aussi que si
Dieu conduit l'humanité, ce ne peut être que dans un certain
plan et suivant une certaine marche qui tend sans cesse au mieux.
Or, ce plan de la Providence, non seulement nous pouvons ,
mais encore nous devons le pénétrer dans la limite où le permet
notre nature ; nous devons le pénétrer pour nous y associer, car
c'est là notre mérite, et cela même indique qu'il ne nous est pas
absolument fermé. Nous pouvons le discerner par ses effets visi-
bles dans le monde et par notre puissance logique qui lie intellec-
tuellement le passé à l'avenir. La Providence , force divine , est
pour les sociétés humaines et pour l'humanité , en général, ce.
que la grâce est pour l'individu , c'est-à-dire, un aide pour l'ac-
quisition du bien. L'individu est impuissant à mériter seul ; mais
il mérite avec l'intervention du secours divin qui ne lui fait jamais
défaut. De même, le mérite des sociétés humaines est de concou-
rir avec la Providence pour arriver avec elle au bien. Pour nous,
individus, le bien qui est la source et la condition de tous les
autres, c'est la possession de nous-mêmes, c'est la liberté morale.
Par une analogie nécessaire, la production du bien social a pour
instrument et pour moyen la liberté collective ou la liberté
politique.
   Voilà, en quelques lignes, la doctrine de ma préface ; M. Pé-
ricaud peut la contredire s'il v e u t , pourvu qu'il ne la tra-
vestisse pas. Je ne trouve pas mauvais qu'il y oppose la sienne,
et s'il n'avait fait que cela, j'aurais pu la discuter académique-
ment, je ne réclamerais pas.
   « M. Morin, dit M. Péricaud , écrivait sa préface en 1845.
« Aussi peu satisfait de la dynastie nouvelle que de la Restaura-
« tion, il dit que Lyon était la ville des aumônes dans un temps
« où la charité n'était qu'une aumône, mais que lorsque la cha-
« rite s'élèvera à la fraternité sociale, Lyon entrera dans cette
« voie sous l'inspiration d'une religion d'esprit et d'amour
« et qu'elle y sera guidée par MM. Tocqueville, Garnier-Pagès,
« Montalembert , Lamartine et Cormenin, unis pour fon-
« der une démocratie catholique. C'est afin d'y concourir que
« M. Morin publie son livre. »
   Je ferai d'abord remarquer que pas une ligne de mon ouvrage
ne justifie cette assertion que fêtais aussi peu satisfait du gou-
vernement nouveau (celui de 1830) que delà Restauration. J'ai
(très-sagement, je crois.) arrêté mon histoire, même sa partie
encore inédite, à la naissance des pouvoirs que je ne pouvais ni
louer sans flatterie , ni blâmer sans manquer à des convenances
personnelles. M. Péricaud n'a pas le droit de faire en mon nom
des professions de foi politiques, et, quand je m'abstiens, de me
supposer des sympathies ou des antipathies à l'égard des gou
vernements existants, que je fais profession de respecter.
   Quant à cette singulière immixtion des hommes émirients cites
par M. Péricaud, dans les destinées !»<',t''"ul!èr •« A" la ville de