Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
54                     LE PÈRE DE LA CHAIZE.

dans le grand ouvrage de la conversion des hérétiques. Ils y tra-
vaillent avec tout le zèle et succès possible et sur terre et sur
mer. Dieu le voyt, et cela nous doit suffire, et nous consoler du
peu de justice que les hommes nous rendent en cela. Je ne laisse
pas d'estre extrêmement sensible aux déplaisirs que V. P. res-
sent de la manière dont on en use à son égard, et des traite-
ments si durs et si peu équitables qu'on fait à nos missionnai-
res (1). Il faut espérer que la vérité qui paroistra en son temps
nous consolera, et finira les inquiétudes de V. P. Je luy souhaite
de tout mon cœur toute sorte de satisfaction, et suis avec tout
le respect et tout le zèle possible, etc.
                                             Franc. DE LA CHAIZE.

   Afin de hâter la réunion des réformés au catholicisme, plusieurs
ordonnances les dépouillèrent successivement du droit d'exercer
les charges de magistrature, les offices et autres professions,
telles que celles de médecins, chirurgiens, sages-femmes, impri-
meurs, libraires, experts, enfin tous les emplois privilégiés. La
vente des livres calvinistes fut rigoureusement interdite et les
largesses du Roi furent abondamment répandues encore parmi
les nouveaux convertis. En même temps on raviva une péna-
lité terrible, presque tombée en désuétude à cette époque.
Tout protestant qui,' après avoir abjuré, refusait, à sa dernière
heure, les sacrements de l'Eglise était considéré comme relaps.
Les cadavres des relaps, comme ceux des duellistes, étaient traî-
nés sur une claie, exposés à la vue du public et la sépulture
ecclésiastique leur était refusée.
   Hàtons-nous d'ajouter que cette odieuse peine , jugée d'abord
indispensable par Richelieu pour réprimer la fureur des duels,
ne fut appliquée que très-rarement et pendant trois ou quatre
mois au plus sous le règne de Louis XIV (2). C'est au P. de la

   (1) Plusieurs Jésuites furent massacrés dans leurs missions.
   (2) « En 1686, dit le ministre protestant Benoist, dont le témoignage
ne saurait être suspect, on se relâche des rigueurs et on ne traîne plus les
corps des protestants sur la claie. « (Benoist, Hisf. de l'Édit de Nantes,
t. dernier, p. 988)