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                         LE PÈRE DE LA CHAIZE.                     55

Chaize qu'est dû l'honneur insigne d'en avoir obtenu la suspen-
sion. Voici comment s'exprime sur ce point l'abbé Oroux :
   « Les prétendus réformés (1), dit-il, regardèrent le P. de la
Chaize comme le principal auteur de ce qu'ils appelaient la Per-
sécution de France (2). Le fameux édit portant révocation de celui
de Nantes fut donc rendu, enregistré, publié ; et pour le mettre
à exécution on usa quelquefois de rigueurs que les protestants
ne manquèrent pas d'imputer au P. de la Chaize. De combien de
déclamations contre lui ne grossirent-ils pas leurs ouvrages ?
C'était bien mal connaître le caractère de ce religieux. « On
a dit, écrivait un auteur qu'on n'a jamais soupçonné d'adula-
tion, que le Jésuite La Chaize (3), confesseur du Roi n'avait pas
lui-même été d'avis des violences qu'on a faites. » On sait qu'au
contraire il s'éleva contre l'exhumation des cadavres traînés sur
la claye et jetés à la voierie (4), et qu'il représenta fortement à
Sa Majesté tout ce que cette action avait d'odieux et de barbare.
Aussi le ministre Jurieu, plus équitable à son égard que ne l'ont
été quelques écrivains, même catholiques, ne pouvait-il s'imagi-
ner qu'il fût capable des procédés sévères dont se plaignait la
prétendue Réforme. »
   Les nobles remontrances du P. de la Chaize avaient touché
Louis XIV. Il écrivit secrètement aux intendants de suspendre
l'application de la peine contre les relaps, et elle fut comme
abolie par le fait jusqu'à la fin de son règne.
   Nous avons vu ce que pensaient La Fare, Mme de Maintenon ,
l'abbé Oroux et plusieurs autres écrivains dignes de foi des
prétendues incitations du P. de la Chaize pour faire adopter
les mesures de violence. Les protestants eux-mêmes, lorsqu'ils
cèdent à la voix de leur conscience, sont forcés de reconnaître la
modération de celui qui, s'il fut leur adversaire, ne fut jamais
leur persécuteur.


  (1)   Hist. ecclésiastique de la cour de France, t. n, p. 508.
  (2)   Bcnoist. Hist. de l'Êdit de Nantes, t. iv, p. 371.
  (3)   Mémoires de La Fare, p. 220.
  (4)   Mémoire de Madame de Mainlenon, liv. vu, eh. 4.