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22                  HUINES D'UN MONUMENT

qui doivent nous mettre en garde contre des jugements trop
précipités.
   Il est sans doute loisible a l'archéologue de faire choix
d'une opinion, tout invraisemblable qu'elle puisse être, si
cette opinion plaît a son esprit et peut flatter ceux auxquels
elle s'adresse. Ainsi, un homme, qui jouit d'une certaine
considération, est appelé, en raison de son expérience et de
sa position, a porter un jugement sur la découverte de rui-
nes ayant appartenu a un monument dont le véritable carac-
tère était ignoré ; il base son opinion sur la situation des
lieux et sur l'examen de tous les objets qui ressortent de
cette découverte et proclame que les restes des construc-
tions mis au jour ont appartenu a un monument destiné à
tel usage. Cette opinion est le plus souvent reçue sans
contestation et elle l'est d'autant mieux qu'elle ne blesse
aucun intérêt matériel.
   La décision ainsi portée est adoptée généralement et passe
pour incontestable jusqu'au moment où de nouvelles études
viennent démontrer que le monument détruit avait un tout
autre usage que celui qui lui avait été d'abord attribué.
   Il s'agit ici du monument dont les ruines ont été retrou-
vées, il y a environ trente-cinq ans, au Jardin-des-Plantes
de notre ville, à la suite de fouilles entreprises sous la direc-
tion d'Artaud, et auquel on a donné le nom de naumachie.
   Nous respectons la mémoire d'un homme qui a rendu de
véritables services a l'archéologie. Mais les savants les plus
versés dans ce genre d'études peuvent commettre des er-
reurs, et personne ne nous blâmerait si nous arrivions a
rectifier celles qui ont pu échapper à Artaud.
   Notre unique but est de rendre à ce monument, interprété,
selon nous, d'une manière très-hasardée, sa valeur histori-
que, en lui donnant un nom et lui attribuant une destination
qui nous paraissent mieux lui convenir.