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                        CHRONIQUE.



   M. Janmot à Paris. Au commencement du mois dernier, une
société nombreuse se pressait dans un élégant atelier de peinture
de la rue Bourbon. La foule, si l'on peut donner ce nom à une
réunion choisie, était accourue pour voir une suite de tableaux
représentant, sous le voile d'une allégorie, les différents états
d'une âme depuis sa sortie des profondeurs du néant jusqu'à
son retour au sein de Dieu après le rude temps d'épreuves
qu'elle a passé sur la terre. Pour servir de livret à ses dix-huit
tableaux, le peintre avait fait distribuer un poème dont les dix-
huit chapitres, nous allions dire, les chants, empreints d'une
poésie forte et élevée, devaient se lire devant chaque toile cor-
respondante, et le public admirait cette riche organisation d'un
peintre qui fait des vers, d'un poète qui fait des tableaux, œuvres
sérieuses, pleines de pensées, qui se complètent l'une par l'autre,
et que la foule ne peut aborder sans réfléchir profondément.
   Le soir, une troupe d'artistes lyonnais allèrent porter leurs
félicitations à celui qui venait de remporter ce double triomphe.
M. Janmot a été heureux ce jour-là, si la gloire peut rendre
heureux.
   Depuis lors, M. Janmot est allé chercher à Paris la confirma-
tion de son succès, et, quoiqu'il soit de la province, voici ce que
la Presse du 14 mai disait de lui : «Nous engageons tous les ama-
teurs de la belle peinture à aller visiter une Exposition gratuite,
passage du Saumon, tous les jours de midi à quatre heures.
Cette œuvre considérable, fruit de vingt années de retraite et de
méditation, révèle un poète et un maître. M. Janmot, dans son
Poème de l'Ame, renoue la tradition de Fra Ângélico et de
Raphaël. On y trouve, sous le pinceau savant et coloré d'un
élève d'Ingres, le fantastique d'Hoffman , la vision de sainte
Thérèse , la tendresse de Lamartine, le goût de Bernardin de
Saint-Pierre, le paysage animé de George Sand, et, dans l'unité
de l'œuvre , la pureté de l'évangile. C'est le plus beau poème