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	                      LES SIRES DE BAGE.                  369
   De là ils pouvaient impunément vexer les vassaux du sire
de Bâgé. Hugues qui ne s'attendait pas à celte incursion se
hâta de rassembler des troupes assez nombreuses, et vint au-
devant de son ennemi lui présenter la bataille. Gérard ne
l'avait pas attendu : ses hommes avaient repassé la rivière et
s'étaient cachés dans son palais.
   Hugues à son tour traversa la Saône à sa poursuite.
   L'évêque n'avait pas seulement la seigneurie temporelle
de la ville, mais encore de la partie occidentale qui s'étend
vers les montagnes, dans laquelle se trouvait la place impor-
tante de Saint-Clément. Hugues se dirigea vers cette forte-
resse, et, s'en étant rendu maître, le devint bientôt des au-
tres terres, ne laissant que la ville à l'évêque.
   Ce revers, joint à d'autres contrariétés que son zèle lui
avait fait éprouver, le déterminèrent à accomplir le dessein,
médité depuis longtemps, de se retirer dans la solitude. Il
quitta donc la houlette de pasteur et vint se réfugier dans
la forêt de Brou. De nombreux cénobites attirés par l'éclat
de ses vertus se réunirent autour de lui, et y fondèrent un
couvent dont les derniers vestiges.se voient encore dans le
couloir qui existe entre le séminaire et l'église.
   Gérard a été mis par l'Eglise au nombre des saints.
   Quoi qu'il en soit, la guerre du sire de Bâgé avec l'évêque
de Mâcon est une énigme pour nous. Les droits du sire sur
Bâgé et Saint-Laurent ne nous paraissent pas douteux. D'au-
tre part, Gérard était l'arbitre de son temps, la lumière des
conciles, la providence des pauvres, l'ami intime de saint
Bernon et de saint Odon, abbés de Cluny : peut-on le sup-
poser provocateur d'une guerre injuste? Il faut croire que
nous manquons de documents sur quelque circonstance in-
connue.
   Une charte de 942 nous apprend que le sire Hugues donna
à l'abbaye de Cluny, nouvellement fondée par Guillaume
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