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346 PIÈCES POUR SERVIR Et de ne jamais accepter d'autre emploi en Israël : Nous sommes juifs, se dirent-ils, nous pourrons trafiquer. Sicut patres nostri. Après cela, le seigneur P**** s'en alla à Roanne, chez ses clients, ainsi qu'il l'avait annoncé, et leur dit : « As- seyez-vous là pendant que je m'en irai ici près pour écrire. » Et il prit une plume, de l'encre et du papier et il commença à être saisi de tristesse et à avoir le cœur pressé d'une extrême affliction. Alors il écrivit au préteur ou homme du Roy : « Mon âme est triste jusqu'à la mort. » Puis au garde-des-sceaux : « Seigneur, s'il est possible, faites que ce calice passe et s'éloigne de moi, néanmoins que votre volonté s'accomplisse et non pas la mienne. » Le grand jour étant venu, tous les princes et les sénateurs du peuple tinrent une assemblée contre le Conseil supérieur. Cependant le seigneur P**** se repentait de ce qu'il avait fait et voulait rendre tout l'argent qu'on lui avait donné, aux princes et aux sénateurs. Et il leur écrivait : « J'ai péché en eau trouble et j'ai condamné plusieurs fois l'innocent. » Ils lui firent réponse : « Que nous importe? c'est votre affaire. » On lui laissa l'argent et il ne se pendit pas. Or , les princes et les sénateurs entendant les scribes , les vrais docteurs de la loi, les grands, les petits, enfin tout le peuple demander la mort du Conseil supérieur, ils l'ordon- nèrent. Comme ils sortaient, ils rencontrèrent un homme à cheval, appelé courrier, qu'ils contraignirent de porter la lettre, ins- trument du supplice du Conseil supérieur. Lequel étant arrivé au lieu qu'on nomme Lyon, le fouet claqua ti-ta-ta et tous les membres du Conseil supérieur tressaillirent de crainte et d'angoisses.