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        AUX VIEUX TILLEULS DE BELLECOUR.    323
Un jour ici des chlamydes de guerre,
Des javelots dans une barque ont lui.
Le lier Plancus vient du fer de sa lance
Marquer le sable où Lugdunum commence,
Et puis s'endort. Vos pères ont bercé
Dans son sommeil le fondateur passé.


Vous n'avez pas, sous vos épais ombrages,
Caché toujours et des jeux et des ris ;
Il fut un temps où des clameurs sauvages
Ont effrayé les oiseaux dans vos nids.
Tout près de vous la hache des Vandales
De nos palais a fait gémir les dalles !
Sur votre écorce aviez-vous effacé
Leurs noms maudits et le malheur passé?


Vous avez vu les cohortes germaines
Camper un jour et nous dicter des lois
Sur ce vieux sol qui repoussa les chaînes
Du grand César quand nous étions Gaulois.
Le froid ïudesque a suspendu ses armes
À vos rameaux; dites, dites, nos larmes !
Sur votre écorce ont-elles effacé
Ces jours maudits et cet affront passé ?


Vous n'êtes plus ; votre verte vieillesse
A dû trouver un précoce tombeau ;
Vous n'êtes plus, et de notre jeunesse
Vous emportez avec vous un lambeau.
Des nains chétifs plantés par nos édiles
Boivent le suc de vos sèves viriles :
Par l'espérance, arbrisseaux, remplacez
Et nos amours et nos regrets passés.