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DE LA VILLE DE VIENNE. 255 Mermet, à la période révolutionnaire ; une imposante et belle figure se trouve sur la première page, c'est celle du véné- rable archevêque Le Franc de Pompignan, dont le portrait a malheureusement péri dans l'incendie qui vient de dévorer notre bibliothèque. On confond trop souvent celui qu'on peut appeler le der- nier prélat de l'église de Vienne, avec son frère Jean-Jacques Lefranc, (1) marquis de Pompignan , l'auteur de Didon, membre de l'Académie française ; l'archevêque Le Franc n'avait de commun, avec son frère, que la haine des philo- sophes, contre lesquels ils luttèrent, l'académicien, dans son Discours de réception, et le prélat, dans des mandements qu'il fulmina contre Voltaire et Rousseau. Cette lutte d'un des plus fermes soutiens du catholicisme contre des adversaires aussi redoutables que ceux que je viens de citer, m'amène à une anecdote que je tiens d'un homme pour lequel je professe le plus grand respect; elle lui avait été racontée par M. Schneider, le fondateur de notre Musée, de nos écoles de dessin , et l'auteur de très-sérieuses études sur l'histoire et les monuments de Vienne. Ses manuscrits, hélas! ont eu le sort du portrait de l'archevêque; ils onl brûlé dans le même incendie. C'était vers l'année 1785 , M. Schneider travaillait paisi- blement à ses éludes historiques, lorsque sa vieille domes- tique entra tout effarée dans son cabinet pour lui annoncer (1) Voltaire d'un seul trait satirique avait détruit la réputation litté- raire de cet écrivain : Sacrés ils sont, car personne n'y touche, avait-il dit, en parlant de ses poèmes sacrés. Raillerie amère et injuste,Le Franc de Pompignan gardera,malgré Voltaire, une belle place dans la littérature, et on citera toujours de lui sa belle ode sur la mort de .T.-B. Rousseau.