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DE LA VILLE DE VIENNE. 249 de notre siècle. Si les événements qui se sont succédés pen- dant ce laps de temps n'ont pas la majesté de ceux racontés dans le premier volume, cependant ils ont encore un puissant intérêt. Les luttes de l'Église de Vienne, les conciles qui y furent tenus, la cession du Dauphiné à la France , les guerres de religion méritent que le lecteur s'y arrête. Puisque je suis venu à parler des conciles, c'est par là que je vais examiner l'ouvrage qui m'occupe. Il en est deux sur- tout qui méritent de fixer l'attention. Le premier est celui de 1200, à la suite duquel un interdit fut jeté sur le royaume de France pour contraindre Philippe-Auguste à répudier Agnès de Méranie et à reprendre son épouse légitime. Mermet explique les conséquences de cette mesure rigoureuse en di- sant : « Partout les offices divins cessèrent; il n'y avait plus de messe, de sermons, de processions, de prières publiques, ni pour les vivants, ni pour les morts , on n'administrait plus les sacrements, etc.» Ce récit me remet en mémoire les beaux vers de Ponsard dans sa tragédie d'Agnès, lorsqu'il raconte comment fut lancé l'anathème : Figurez-vous, la nuit, dans notre cathédrale , Tout le clergé tenant la torche sépulcrale ; Les cloches , prolongeant les tristes tintements, Sonnaient le glas des morts comme aux enterrements , Tandis qu'on entendait monter dans les ténèbres Les psaumes pénitents et les hymnes funèbres, La croix gisait par terre... Au fond des souterrains On avait enfoui les reliques des saints ; Un crêpe noir couvrait la face de la Vierge El l'autel dépouillé ne portait pas un cierge. Tout cela , dit Mermet, produisit un fâcheux effet sur l'es- prit d'un peuple chrétien condamné à expier les fautes de son souverain. Celle conclusion de l'historien est vraie, mais elle ne l'est