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242 LES SEPT MERVEILLES DU DAUPHINÉ. d'être maître d'un pays où elles surpassaient celles du monde entier, et les égalaient par leur nombre. Ces merveilles, qui ne sont que des jeux bizarres de la nature, ont perdu de leur ancien mérite, et ne sont plus regardées que comme des effets naturels dont la science moderne a dissipé le prestige ; elles sont au nom- bre de sept, et c'est sans doute pour les faire cadrer avec les sept merveilles de l'antiquité, ou par rapport à l'idée mystérieuse du nombre] septénaire, qu'on s'y est restreint, car on en a long- temps compté davantage. Un poète dauphinois , Salvaing de Boissieu, grand jurisconsulte, l'un des hommes les plus érudits du XVIIe siècle, s'est emparé d'un sujet aussi fertile en descrip- tions, et a rendu encore plus fameuses par le charme de la poésie ces fictions mythologiques consacrées par la vénération popu- laire. 1° La première des sept Merveilles du Dauphiné est la Fontaine ardente, située près du village de Saint-Barthélémy, sur la com- mune du Gua, à six kilomètres de Grenoble ; elle consiste en un terrain de deux mètres carrés environ, duquel s'échappe , après les temps de pluie, un gaz inflammable d'une couleur bleuâtre. A une époque fort ancienne, le ruisseau qui coule au fond du vallon passait près de ce terrain, et ses eaux acquéraient dans ce passage une chaleur assez vive, ce qui avait fait donner à cette merveille le nom de Fontaine ardente. Saint Augustin, dans son livre De civitate Dei, raconte que, de son temps, un flambeau éteint s'allumait, et qu'un flambeau allumé s'éteignait lorsqu'on l'approchait de sa source. Aujourd'hui, les inflamma- tions spontanées sont très-rares ; on n'aperçoit plus qu'un bouil- lonnement continuel des eaux et desflammesqui s'en échappent lorsqu'on en remue la vase. 2° La Tour-sans-Venin, à deux lieues de Grenoble, dans la commune de Pariset, est une tour en ruines, à l'approche de la- quelle mouraient jadis tous les animaux venimeux. Roland, neveu de Charlemagne, ayant, dit-on, assiégé la ville de Greno- ble que les Sarrasins occupaient, fit apporter de Paris la terre sur laquelle il bâtit cette tour, qui en prit le nom de Pariset, et acquit la vertu d'éloigner les rats, les serpents et même les araignées.