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218                        DU PHÉNOMÈNE
soit interdit à jamais. Ce qui nous prouvera jusqu'à l'évidence
que la force des muscles est une chimère.
   Nous en aurions fini avec le mémoire de M. Babinet, si l'illustre
académicien, dans un mouvement d'indignation contre la crédu-
lité et le merveilleux, n'eût pas un peu trop inconsidérément
foudroyé à droite et à gauche tout ce qui lui tombait sous la
plume. Nous trouvons à la page 409 ces regrettables paroles :
« Depuis les magiciens de tous les âges de l'antiquité, les démo-
niaques du moyen âge, l'astrologie, les convulsionnaires de Saint-
Médard, les guérisons miraculeuses de Mesmer, le magnétisme
animal, jusqu'aux tables tournantes actuelles, toutes ces épi-
démies de crédulité publique renforcées par l'ignorance et la four-
berie , ont toutes eu cela de commun : l'absurde et le ridicule. »
Comme on le voit, si M. Babinet n'eût pas oublié l'utopie de
Fulton, qui prétendait appliquer la force de la vapeur à la navi-
gation (idée qui, heureusement, excita l'hilarité de l'Académie),
l'enumeration des bigarrures absurdes et ridicules de l'esprit
humain aurait été moins incomplète.
   Ce n'est pas le moment d'entamer une discussion sur le magné-
tisme animal ; mais il n'est pas hors de propos cependant de rap-
peler à M. Babinet que si le rapport de Bailly ferma les portes de
l'Institut à Mesmer et à ses disciples, la section des sciences
morales choisissant le zoo-magnétisme comme sujet de concours,
réhabilite, pour ainsi dire, un genre d'études qui, par cela même,
n'est plus ni absurde ni ridicule. Nous nous permettrons donc,
d'après une autorité aussi compétente, de mettre sur le compte
d'un manque de réflexion inséparable d'une idée naissante (c'est
bien ici le cas de nous servir de cet adjectif), l'oubli de M. Babi-
net sur la véritable situation officielle des choses à l'égard du
magnétisme animal. Quant au fond de la question, nous nous
bornerons à dire, que ce qu'on pourrait obtenir par l'impartialité
et le calme d'une discussion vraiment scientifique (en faisant la
part de ce qu'il y a de vrai et de ce qu'il y a de faux dans le ma-
gnétisme), on ne saurait l'atteindre si l'on n'a à son service que
le persifflage et la colère.
   Revenons aux tables tournantes, et concluons que ce phéno-
mène très-curieux d'après M. Babinet, est quelque chose de plus
pour nous. C'est un phénomène physiologique très-remar-
quable , que l'automatisme tel qu'il a été employé jusqu'à ce
jour ne peut expliquer, et moins encore l'automatisme de M. Ba-
binet que celui des autres.
    Sans craindre de déroger à la dignité scientifique en général,
et à la nôtre en particulier, nous tiendrons compte de toutes les
observations sérieuses qu'on pourrait nous adresser, dans le but de
parvenir à expliquer un phénomène aussi bizarre que celui des tables
tournantes et parlantes, ce que nous essaierons de faire plus tard.
                                                 G. LUPPI ,
                                        Docteur-médecin à Lyon.