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 212                        DU PHÉNOMÈNE
  les autres. Ce qui nous le fait présumer, c'est l'existence de mou-
   vements rapides, instantanés, et de mouvements lents et gradués.
  Quoi qu'en dise M. Babinet, pour lever un bras en l'air nous ne le
  lançons pas lorsque nous voulons le lever lentement.
     Or, si pour une quantité donnée de contractions, correspondant
  au nombre des fibres qui se racourcissent, il faut une certaine
  dose de force, il est à croire que les effets sensibles de cette force
  correspondent toujours au nombre de fractions dont elle résulte.
  Si toutes ces fractions agissent à la fois, les effets de cette force
  seront plus remarquables ; si, au contraire, ils s'opèrent succes-
  sivement, le résultat durera plus ou moins, mais il sera plus
  faible. D'où il découle incontestablement que plus les mouve-
  ments seront rapides, plus ils seront énergiques, en vertu de
 l'accumulalion numérique de toutes les fractions de force dont la
  détente se fait au même moment. La rapidité des mouvements
  est donc une condition de leur énergie.
     Jusque-là il n'est question que de mouvements simples, opérés
 par un seul muscle. Il y en a cependant qui sont le résultat d'une
  série de contractions effectuées successivement par plusieurs
 muscles. Ces mouvements composés peuvent, aussi bien que les
 simples, être rapides ou lents, précisément parce que le temps
 qui s'écoule entre une contraction et l'autre peut être plus ou
 moins long. La locomotion, par exemple, qui résulte de l'action
 d'une grande quantité de muscles, peut s'accomplir avec vitesse
 ou avec lenteur, et de manières extrêmement variées. Il y a donc
 deux éléments dont il faut tenir compte dans les mouvements
 composés : le degré de promptitude des contractions, et la durée
 du temps qu'elles mettent à se succéder. Une infinité de variations
 physiologiques et pathologiques se rattache a cette succession de
 contractions et au degré de promptitude des différentes contrac-
 tions mêmes.
    Cela posé, la définition des mouvements naissants devient
 claire et bien précise. Les mouvements naissants ne sont autre
 chose que des mouvements s'effectuant tout d'un trait, soudaine-
ment, puisque ce sont les plus énergiques. S'ils sont simples, ils
 sont le résultat d'une contraction rapide ; s'ils sont composés , il
ne faudra pas perdre de vue l'autre élément de rapidité, qui est
la succession plus prompte des contractions spéciales dont ils se
composent. La promptitude est en raison du temps qu'on emploie
à exécuter une action quelconque, et, dans notre cas, l'effet de la
force employée à cette action sera proportionnel à la fraction
ou aux fractions du temps que l'action même exige pour s'accom-
plir. En d'autres termes, plus un mouvement sera prompt, plus
il contiendra de force. Faisons donc naissant, synonyme d'instan-
tané et d'énergique, et nous nous formerons une idée de ce que
M. Babinet a voulu exprimer par cet adjectif.
    Etait-ce bien le cas d'employer un mot nouveau pour exprimer
une notion ancienne ? Le mécanisme des mouvements précités se