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DE LA POSSESSION ANNALE. 193
différends publics ou privés (1). Elle était dans les Conciles insti-
tuant et réglant la trêve de Dieu (2), proclamant que toutes per-
sonnes nobles, âgées de douze ans, devaient jurer devant l'évêque
du diocèse de défendre les veuves, les orphelins, tous les fai-
bles , etc. (3). Elle était dans ces monastères, qui, en même
temps qu'ils gardaient le dépôt des sciences, défrichaient la terre,
donnaient l'exemple des affranchissements, et préparaient ainsi
la voie de l'égalité civile par l'égalité religieuse. Enfin, l'Eglise
était dans la haute pensée des Croisades, dont le mouvement re-
ligieux et social semblait providentiellement entraîner les popu-
lations de l'Occident à aller se retremper aux sources abondantes
de la vieille civilisation orientale.
L'Église, qui fut toujours l'ennemie de la violence, et qui, de
tout temps, chercha le triomphe du droit sur le fait, se posa réso-
lument, au milieu du désordre et de l'oppression, comme le cen-
tre de la régénération sociale, soit par ses efforts de pacification
en suspendant les guerres privées pendant les quatre derniers
jours de la semaine, soit par ses inspirations de justice et de
liberté chrétiennes qu'elle jetait au milieu de toutes les controver-
ses et de toutes les luttes sociales.
Tel fut le triple concours d'action et d'influence contre la féoda-
lité par les communes, par la royauté et par l'Église.
§ 11.
CONCLUSION.
La féodalité absolue apparut comme une nécessité de l'époque,
époque de confusion où le principe d'autorité, premier besoin de
toute société, était tombé en lambeaux partout usés et déchirés.
Tout était usurpation, trouble et désordre. L'organisation féodale
survint pour tout ranger sous la loi du servage, en brisant toutes
(1) Durand de Maillianc. — Histoire du droit canon. Part. 2. ch. G.
(2) Concile de Nnrbonne de 1084.
(5) Concile de Clermont de 1025 et de 1095.
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